ADYTON
Terme grec qui désigne tout endroit sacré « dont l'accès est interdit ». Par sa nature même, l'adyton est allié aux édifices de type chthonien ou oraculaire.
En Sicile où les cultes voués aux divinités infernales, telles Déméter et Koré, resteront fortement enracinés, les temples comportent à l'arrière de la cella (ou naos) une pièce sombre et secrète où était cachée la statue du dieu. La présence de cet adyton modifie la structure même du temple périptère et crée un nouveau type de plan, vraisemblablement dérivé du mégaron primitif, caractérisé par l'absence de l'opisthodome (salle postérieure communiquant ou non avec la cella) qui, en Grèce propre, permet un équilibre harmonieux entre les deux façades ; le dispositif occidental de l'édifice ne répondant plus alors au pronaos in antis, c'est la façade orientale qui sera la plus élaborée. Elle portera les métopes sculptées, comme au temple C de Sélinonte, sera accentuée par une double rangée de colonnes (temple F) ou encore viendra s'inscrire dans une grandiose composition d'ensemble qui marquera nettement le caractère frontal de ces constructions.
La contamination par le plan métropolitain sera lente et difficile. Certains édifices seront dotés d'un opisthodome, mais tout en gardant l'adyton (Sélinonte, temple E). C'est à Agrigente, avec le temple A dit temple d'Héraclès, que s'imposera en Sicile la conception péloponnésienne du plan symétrique comprenant trois éléments, et seulement trois : le pronaos, le naos et l'opisthodome. Dans d'autres régions du monde grec, à Delphes, à Claros, à Didymes, où la religion apollinienne supplanta les cultes chthoniens, l'adyton apparaît lié à la fonction oraculaire des édifices. Il se présente alors comme une pièce placée au-dessous ou en contrebas de la cella ; là se déroulent rites et consultations ; et il prend la forme d'une crypte ou d'un sekos (pièce inaccessible). Il dérive d'un état primitif où la parole divine émanait des antres de la terre par une faille dans la roche, par le jaillissement d'une source, et n'est en fait que la version très architecturale de ce dispositif dont les éléments — eau, faille, arbre —, essentiels au déroulement de l'oracle, sont obligatoirement maintenus.
Enfin, à l'époque hellénistique et jusqu'aux iie et iiie siècles de notre ère, furent érigés en Syrie, à Palmyre, et au Liban, à Baalbek et à Amrit, des temples qui combinèrent les structures grecques et orientales pour aboutir à un plan mixte désigné sous le mot de « thalamos syrien » par l'écrivain grec Lucien et auquel les archéologues accordent aussi le nom d'adyton.
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Écrit par
- Martine Hélène FOURMONT
: archéologue, rédacteur en chef de la
Revue archéologique , ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique
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