HWANG AFFAIRE
L'année 2005 a vu, à propos du clonage humain, l'une des fraudes scientifiques parmi les plus spectaculaires de l'histoire de la biologie. Dénommée l'« affaire Hwang » – du nom du chercheur sud-coréen Hwang Woo-suk, vétérinaire de formation, qui en est à l'origine –, elle a d'ores et déjà conduit à jeter un doute sur l'ensemble du système en vigueur assurant la diffusion des informations scientifiques à l'échelon international.
L'une des conséquences a aussi été de pousser les responsables du prestigieux hebdomadaire américain Science à retirer officiellement, le 10 janvier 2006, les deux études, désormais considérées comme frauduleuses et reflétant de graves manquements éthiques, signées par le professeur Hwang (Université nationale de Séoul, Corée du Sud) et ses collaborateurs. Ces deux publications annonçaient l'obtention, en 2004 puis en 2005, d'embryons humains conçus à partir de la technique du clonage par transfert nucléaire (celle qui avait permis, en 1996, de créer la brebis Dolly, premier mammifère cloné à partir du noyau d'une cellule somatique adulte) et de lignées de cellules souches avec une efficacité élevée. En 2005, l'équipe du professeur Hwang assurait avoir pu, à partir de trente et un embryons clonés, établir onze lignées cellulaires pour neuf des onze patients dont provenaient les cellules somatiques. Pour sept de ces neuf personnes, moins de vingt ovules énucléés avaient, selon les auteurs de ces travaux, été nécessaires, ce qui correspond à ce que l'on peut recueillir en deux dons. Ce résultat ouvrait de très larges perspectives médicales, permettant d'entrevoir la faisabilité du clonage à visée thérapeutique. Il avait de ce fait été salué comme un événement scientifique d'une très grande importance.
Tous les signataires des deux articles (respectivement, 15 et 25 personnes) avaient peu auparavant accepté le principe d'une rétractation de ces deux publications. Ces dernières n'ont donc plus d'existence dans la bibliographie scientifique internationale et les responsables de Science ont, dans le même temps, procédé à la rétractation de leurs commentaires éditoriaux concernant ces travaux. Cette décision fait suite aux conclusions accablantes de la commission d'enquête que les responsables universitaires de Séoul avaient mis en place en décembre 2005, peu après les graves accusations visant le professeur Hwang qui était devenu un véritable héros national. Il avait d'abord été mis en cause pour avoir accepté de travailler sur des cellules sexuelles féminines « offertes » par plusieurs de ses proches collaboratrices. On l'avait ensuite accusé d'avoir caché les rétributions financières d'autres femmes chez lesquelles plusieurs centaines d'ovules avaient été prélevés pour servir à la création des embryons par clonage. Les enquêtes, menées d'abord sur la publication de 2005 puis sur celle de 2004, ont conclu que les chercheurs sud-coréens n'avaient en réalité obtenu aucun des résultats annoncés à partir de la technique du clonage. La seule conclusion positive des enquêteurs tient au fait que Hwang Woo-suk a bien été le premier, comme il l'avait annoncé dans la revue Nature en août 2005, à créer un chien cloné, un lévrier afghan baptisé Snuppy. Deux questions restent ouvertes. La première est celle de savoir comment et pourquoi de telles fautes n'ont-elles pas été découvertes avant la publication des articles. La seconde concerne les conséquences de cette affaire sur l'avenir des recherches visant le clonage thérapeutique dans l'espèce humaine.
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Écrit par
- Jean-Yves NAU
: docteur en médecine, journaliste, chroniqueur médical sur le site d'information
Slate.fr
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