- 1. Du placard à l'affiche
- 2. Bouleversements techniques et esthétiques
- 3. L'Art nouveau
- 4. Les avant-gardes
- 5. L'exception française
- 6. Le temps des désillusions
- 7. La Seconde Guerre mondiale et l'avènement du style suisse
- 8. Les années 1950 : design et humour
- 9. L'affiche au second plan
- 10. Un nouveau lyrisme
- 11. Le vent de la contestation
- 12. Affiche conceptuelle et Nouvelle Vague
- 13. L'avènement du numérique
- 14. L'ère de la mondialisation
- 15. Bibliographie
AFFICHE
Le vent de la contestation
Au milieu des années 1960, des mouvements de contestation sociaux et culturels trouvent leur traduction dans l'affiche. Le Flower Power, en Californie, donne naissance aux affiches dites « psychédéliques », réalisées par de jeunes créateurs (Victor Moscoso, Wes Wilson), souvent autodidactes. C'est aussi le cas aux Pays-Bas avec le mouvement Provo, auquel le dessinateur Willem contribue.
Les affiches cubaines, inspirées du pop art et des arts latino-américains, se démarquent du réalisme socialiste. En Pologne, Roman Cieslewicz, Jan Lenica, Jan Mlodozeniec ou Waldemar Swierzy, par l'insolence et l'humour, souvent noir, font preuve d'une capacité à subvertir le sens même de l'image qui influence le graphisme mondial.
La révolte étudiante de Mai-68, en France, déclenche une grève générale avec occupation des établissements d'enseignement et des entreprises. Les étudiants des Beaux-Arts de Paris, rejoints par de nombreux artistes (Arroyo, Fromanger, Rancillac, entre autres), fondent l'Atelier populaire, qui s'équipe en matériel sérigraphique et lance une production d'affiches militantes, de même que l'atelier des Arts déco et d'autres écoles en France. La contestation et la force des affiches de Mai mettent en question les processus de communication dominants. De plus en plus réservés face à l'évolution de la publicité commerciale, des graphistes se tournent vers le champ culturel, en constante expansion à partir des années 1960.
Jean Widmer conçoit l'identité visuelle et l'ensemble des affiches d'exposition du Centre de création industrielle (C.C.I.), à Paris, à partir de 1969. Recentrant sa démarche autour des fondamentaux du design, il démontre la capacité de l'école suisse à générer un art du signe éloigné de toute rhétorique publicitaire. Quant à Roman Cieslewicz, après avoir assuré la direction artistique de l'agence Mafia, il s'établit en indépendant et privilégie la création d'affiches sociales et culturelles (L'Attentat, 1973), dont celles des grandes expositions interdisciplinaires du Centre Pompidou.
Pierre Bernard et Gérard Paris-Clavel, qui ont parfait leurs études dans l'atelier de Tomaszewski à Varsovie, puis contribué à l'atelier d'affiches des Arts déco en Mai-68, fondent le collectif Grapus en 1970, concevant les campagnes d'affiches pour le Parti communiste français ou la C.G.T.-Paris. Le « style Grapus », très pictural et qui fait une large place à l'écriture manuscrite, renouvelle l'imagerie politique. Dans cette veine s'illustrent également Michel Quarez et Alain Le Quernec, tous deux anciens de l'atelier de Tomaszewski, qui, l'un et l'autre, se revendiquent uniquement affichiste, à l'opposé du designer graphique apte à répondre à divers types de commandes.
L'essor des troupes et des scènes théâtrales au cours des années 1970 offre à Grapus l'opportunité de réaliser des affiches empreintes d'un esprit contestataire, pour le théâtre de la Salamandre en particulier (Attention au travail, 1979). Ce type de collaboration en symbiose entre le théâtre et le graphisme est également caractéristique des travaux d'Anton Beeke pour le théâtre du Globe à Eindhoven, ou de Gunter Rambow pour le Schauspiel Frankfurt. Dans ce registre, Tadanori Yokoo poursuit sa confrontation entre les stéréotypes de la culture japonaise et ceux de l'Occident dans ses créations pour des troupes de théâtre d'avant-garde à T̄okȳo.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
Classification
Médias
Autres références
-
APELOIG PHILIPPE (1962- )
- Écrit par Michel WLASSIKOFF
- 1 040 mots
...1993-1994, bénéficiant de la première résidence allouée à un graphiste, Philippe Apeloig est pensionnaire de l’Académie de France (Villa Médicis) à Rome. Ce séjour lui permet de perfectionner des alphabets de titrage qu'il a commencé d'expérimenter dans ses affiches. Selon lui, « la typographie est centrale... -
ART NOUVEAU
- Écrit par Françoise AUBRY
- 8 824 mots
- 23 médias
L'affiche illustrée est un puissant moyen de diffusion ; son essor correspond à l'épanouissement de l'Art nouveau. La carrière d'Alfons Mucha est lancée par ses affiches pour l'actrice Sarah Bernhardt. Au faîte de sa gloire, Mucha ouvre un cours de composition d'art décoratif et... -
ART URBAIN
- Écrit par Stéphanie LEMOINE
- 2 727 mots
- 4 médias
...les avant-gardes. Au tout début du xxe siècle, le futurisme puis le constructivisme voient dans les manifestations de rue, dans la fresque ou l' affiche publicitaire et politique autant de contrepoints à l'asphyxie qui règne dans les musées. L'effervescence créatrice qui entoure la révolution russe... -
BAYER HERBERT (1900-1985)
- Écrit par Yve-Alain BOIS et Encyclopædia Universalis
- 1 672 mots
- Afficher les 62 références