- 1. Du placard à l'affiche
- 2. Bouleversements techniques et esthétiques
- 3. L'Art nouveau
- 4. Les avant-gardes
- 5. L'exception française
- 6. Le temps des désillusions
- 7. La Seconde Guerre mondiale et l'avènement du style suisse
- 8. Les années 1950 : design et humour
- 9. L'affiche au second plan
- 10. Un nouveau lyrisme
- 11. Le vent de la contestation
- 12. Affiche conceptuelle et Nouvelle Vague
- 13. L'avènement du numérique
- 14. L'ère de la mondialisation
- 15. Bibliographie
AFFICHE
Bouleversements techniques et esthétiques
Vers 1845, Jean-Alexis Rouchon met au point un procédé d'impression polychrome dérivé du papier peint, qui permet la production d'affiches d'extérieur de grand format. En 1866, Jules Chéret introduit en France la chromolithographie inventée en Angleterre, et organise une imprimerie à Paris, qui se spécialise dans la création d'affiches illustrées (Le Bal Valentino, 1869). Il contribue de manière déterminante à forger le langage propre au support : formes simples et couleurs en aplats contrastés, lecture rapide et simultanée du texte et de l'image. En 1889, son œuvre fait déjà l'objet d'une exposition rétrospective, dont le critique Roger Marx, dans son introduction au catalogue, peut dire qu'elle participe à « l'éducation inconsciente du goût public », transformant les rues en « musée en plein vent ».
En Angleterre, cependant, le mouvement des Arts and Crafts, fondé par John Ruskin et William Morris au cours des années 1870, appelle à la mobilisation de tous les arts pour constituer une alternative aux productions industrielles. À l'instar de Morris, Eugène Grasset, Suisse installé à Paris en 1871, développe sa création dans tous les domaines, des tissus aux caractères typographiques. À partir de 1885, il livre des affiches traitées comme des œuvres d'art, pour lesquelles il recherche de nouvelles qualités plastiques.
La découverte de l'estampe japonaise exerce également en Occident une impression profonde. Henri de Toulouse-Lautrec (La Goulue, 1891) et Pierre Bonnard (La Revue blanche, 1895) s'approprient ses procédés : asymétrie, aplats de couleur, délimitation des surfaces par des cernes épais. Dessinant souvent eux-mêmes la lettre, ils confèrent, dans les quelques affiches qu'ils réalisent, une dynamique nouvelle au rapport entre le texte et l'image.
L'épure et la stylisation amorcées par Lautrec et les nabis (Bonnard, mais aussi Félix Vallotton, Édouard Vuillard ou Henri Georges Ibels), puis par des dessinateurs comme Jossot ou Théophile Alexandre Steinlen, renforcent singulièrement l'impact de l'affiche dans les rues. Les Begarstaff Brothers (William Nicholson et James Pryde) en Grande-Bretagne, Henri Meunier en Belgique, ainsi que les précurseurs de l'expressionnisme en Allemagne, comme Thomas Theodor avec ses affiches pour la revue Simplicissimus, à partir de 1896, participent de cette tendance.
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Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
Classification
Médias
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