- 1. Du placard à l'affiche
- 2. Bouleversements techniques et esthétiques
- 3. L'Art nouveau
- 4. Les avant-gardes
- 5. L'exception française
- 6. Le temps des désillusions
- 7. La Seconde Guerre mondiale et l'avènement du style suisse
- 8. Les années 1950 : design et humour
- 9. L'affiche au second plan
- 10. Un nouveau lyrisme
- 11. Le vent de la contestation
- 12. Affiche conceptuelle et Nouvelle Vague
- 13. L'avènement du numérique
- 14. L'ère de la mondialisation
- 15. Bibliographie
AFFICHE
L'Art nouveau
La tendance allant vers une simplification des formes et, partant, vers une plus grande efficacité, est toutefois contrebalancée par les surcharges ornementales de l'Art nouveau, mouvement qui se cristallise sur le plan mondial à la fin du xixe siècle, et entend se manifester dans tous les domaines des arts majeurs et appliqués. Alfons Mucha, qui réalise à partir de 1894 des affiches de théâtre pour Sarah Bernhardt (Médée, 1898), créant également pour elle des costumes de scène et des bijoux, œuvre ainsi, dans le même temps, à l'imagerie publicitaire des biscuits Lefèvre-Utile ou du papier à cigarettes Job. Fernand Louis Gottlob, Manuel Orazi, Maurice Réalier-Dumas, autres figures de l'Art nouveau français, font preuve, dans leurs affiches, d'une excellente maîtrise plastique, de même que Georges de Feure, qui livre une série inspirée par le symbolisme, George Auriol se singularisant quant à lui par ses lettrages recherchés.
La Sécession viennoise, à partir de 1897, propose une alternative à l'esthétique florale de l'Art nouveau français. Parmi ses fondateurs, Gustav Klimt, Koloman Moser, Alfred Roller réalisent les affiches des expositions du mouvement et de la revue Ver Sacrum qui le soutient. Proche de la Sécession, le Jugendstil, en Allemagne, que défendent le magazine Jugend et la revue Pan, se traduit dans l'affiche par les créations d'Otto Eckmann ou Josef Sattler.
En Belgique, les maîtres de l'affiche ont pour nom Émile Berchmans, Privat-Livemont, Armand Rassenfosse. Henry Van de Velde réalise en 1898 une unique affiche, remarquable, pour la marque alimentaire Tropon, à Bruxelles, dont il conçoit parallèlement les emballages et divers supports publicitaires.
L'influence de William Morris est directement perceptible dans les créations pour l'affiche du Britannique Aubrey Beardsley et de son compatriote Dudley Hardy, de même que dans les couvertures, illustrations et affiches réalisées par William Bradley pour The Chap Book, revue éditée à Chicago de 1894 à 1898, qui emprunte à la typographie et aux bois gravés de l'époque coloniale. Edward Penfield et Louis Rhead, Ethel Reed sont d'autres figures de l'Art nouveau américain, lequel allie naturalisme et motifs floraux imposés par les canons décoratifs européens.
Dans les foyers plus excentrés – catalans, écossais ou tchèques –émergent, dans le registre de l'illustration et de l'affiche, des créateurs comme Ramon Casas à Barcelone ou Vladimir Zupansky à Prague, tandis que l'architecte Charles Rennie Mackintosh propose une vision personnelle du Modern Style, illustrée par quelques affiches pour le Glasgow Institute of the Fine Arts et la Scottish Musical Review (1896).
Après 1900 en France, l'abandon des figures ornementales caractérise les affiches publicitaires de Leonetto Cappiello, qui poursuit une voie déjà explorée par Chéret et ses disciples : un sujet humoristique central dessiné selon une arabesque simple, des couleurs puissamment contrastées et un lettrage efficace, comme en témoigne sa création pour le chocolat Klaus, en 1903. La concision, la surprise, le mouvement vont désormais dominer l'art de l'affiche.
Les Wiener Werkstätte, constitués, à Vienne en 1903, autour de Josef Hoffmann et Koloman Moser (Fromme Kalender, 1903), instaurent un style aux contours réguliers, fondé sur des formes simples, auquel contribuent les affiches de Josef Maria Olbrich et Alfred Roller, dont le dessin de la lettre est harmonisé aux motifs géométriques.
En Allemagne, où se développe, après l'expressionnisme des mouvements Der Blaue Reiter et Die Brücke, la Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité), les affiches de Ludwig Hohlwein et de Lucian Bernhard (Priester, 1905) – auxquelles on peut rattacher les créations du Suisse Émile Cardinaux – tranchent par leur clarté[...]
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Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
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Médias
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