- 1. Limites et facteurs d'unité de l'Afrique australe
- 2. Ressources minières, exploitation et intégration des territoires
- 3. Peuplement européen et ségrégation en Afrique australe
- 4. Les mobilités de populations comme facteurs d'intégration régionale
- 5. L'environnement : défis et potentiels
- 6. Un développement inégal au sein de l'Afrique australe
- 7. Bibliographie
AFRIQUE AUSTRALE
Les mobilités de populations comme facteurs d'intégration régionale
Le système du travail migrant
L’intégration régionale de l’Afrique australe est aussi le fait des migrations massives vers l’Afrique du Sud de travailleurs noirs des pays voisins. Peu après la découverte des gisements miniers à la fin du xixe siècle, le système du travail migrant fut instauré, encadré par les gouvernements, afin de permettre l’extraction des ressources par l’exploitation d’une main-d’œuvre étrangère bon marché. Les mineurs étaient essentiellement des étrangers afin d'éviter qu'une population ouvrière noire sud-africaine ne s'installe près des villes, l'objectif étant de cantonner au maximum les populations noires dans les bantoustans. Les flux de migrants provenaient du Mozambique, du Nyassaland (Malawi), du Basutoland (Lesotho), du Bechuanaland (Botswana), du Swaziland et de la Rhodésie (Zambie et Zimbabwe actuels). Les régions rurales des pays voisins fonctionnèrent ainsi comme des réservoirs de main-d'œuvre. Les migrations étaient temporaires, la famille restant au pays ; les mineurs étrangers revenaient une fois par an, chargés de nouveaux objets, symboles de modernité. Ils contribuèrent à la diffusion de la culture de consommation sud-africaine et agirent comme des vecteurs d’influence du grand voisin. Ces migrations séculaires transfrontalières de personnes peu qualifiées, tout comme le niveau de développement de l'Afrique du Sud, expliquent que ce pays constitue toujours une destination naturelle d’émigration pour beaucoup de jeunes.
Migrations et défi sanitaire : la pandémie du sida
L'importance du travail migrant est aussi un des facteurs de la propagation en Afrique australe, à partir des années 1990, du virus du sida, qui affecta massivement la région dans les années 2000. Les taux de prévalence sont ici les plus élevés du monde (particulièrement au Lesotho, en Eswatini, au Botswana et en Afrique du Sud), constituant un défi majeur pour la région et un réel frein au développement puisque la pandémie entraîne l'apparition de classes creuses et la multiplication du nombre d'orphelins. Cette maladie vient s'ajouter au paludisme, qui demeure une importante cause de mortalité chez les enfants. Le gouvernement sud-africain ne mesura pas tout de suite la tragédie sanitaire et sociale que représentait le sida mais, sous la présidence de Thabo Mbeki, une lutte de grande envergure fut lancée à partir de 2008 et, peu après, l’Afrique du Sud mit au point ses propres antirétroviraux à faible coût, ce qui permit une hausse de l’espérance de vie. Les pays voisins sont quant à eux dépendants de l'aide d’ONG et de coopérations internationales pour sensibiliser la population, mieux dépister et traiter la maladie.
Aujourd'hui, l’Afrique australe présente des taux d’accroissement naturel plus faibles que le reste du continent, sous l’effet conjugué d’une mortalité accentuée par l'épidémie de sida et d’une entrée plus ancienne dans le processus de transition démographique. En Afrique du Sud, l'indice de fécondité s'établit autour de 2,5 enfants par femme ; dans les pays du premier « cercle » de l'Afrique du Sud, il est de 3 environ, alors que les autres pays ont une natalité bien plus élevée (autour de 5 enfants par femme en Angola, en Zambie, au Mozambique et au Malawi).
Nouvelles mobilités et globalisation en Afrique australe
De nouvelles formes de migration sont également apparues depuis les années 1990, animées par des populations de l’ensemble du continent (Afrique centrale et de l’Ouest) et du reste du monde. Durant l'apartheid, l’Afrique du Sud était isolée diplomatiquement et fermée aux apports étrangers (à l’exception des migrations de travail vers les mines). Après l'élection de Nelson Mandela en 1994,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jeanne VIVET : agrégée de géographie, maître de conférences à l'université Bordeaux Montaigne
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie
- Écrit par Anne FAURE-MURET
- 18 792 mots
- 22 médias
Laceinture, ou chaîne, de Damara a une histoire complexe. Au début, vers 1 000-900 Ma, on assiste à un « rifting » avec formation de plusieurs grabens dans lesquels s'accumulent des séries d'épaisseur variable. À la base, on trouve le groupe de Nosib, qui est gréso-détritique. Des volcanites alcalines... -
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale
- Écrit par Roland POURTIER
- 24 463 mots
- 27 médias
...suivi les axes de communication, tout en se diversifiant et en épargnant certains pays pour des raisons difficiles à expliquer. Au début des années 2020, l ’Afrique australe est la plus touchée, et au premier rang l'Afrique du Sud, avec 7,7 millions de séropositifs, soit 13 % de sa population, ce qui n’est... -
AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire
- Écrit par Augustin HOLL
- 6 328 mots
- 3 médias
En Afrique orientale, les sites de Kisese II, Twilight Cave et Lukenya montrent la présence d'industries à base de lames et lamelles. EnAfrique australe, les assemblages lithiques ont été subdivisés en sous-ensembles chronologiques : Early Later Stone Age (ELSA, 19000 av. J.-C.), Robberg (vers 19000-7600... -
AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
- 12 429 mots
- 24 médias
Après la chute de l'empire portugais en Afrique, il ne subsistait de la domination coloniale européenne que des vestiges : la Rhodésie du Sud, le Sud-Ouest africain, dont les jours étaient comptés, même si le processus pouvait être long. - Afficher les 13 références