AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD
Nom officiel | République d'Afrique du Sud (ZA) |
Chef de l'État et du gouvernement | Cyril Ramaphosa (depuis le 15 février 2018) |
Capitales (de facto) | Pretoria 1 (siège de l'exécutif), Le Cap (siège du Parlement), Bloemfontein 2 (siège des autorités judiciaires)
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Langues officielles | Afrikaans, anglais, ndébélé, sesotho (sotho du sud), sotho (sepedi), swazi, tsonga, tswana, venda, xhosa, zoulou |
Unité monétaire | Rand (ZAR) |
Population (estim.) |
64 701 000 (2024) |
Superficie |
1 220 813 km²
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Littérature de langue anglaise
Caractéristiques générales
Comment peut-on définir une production littéraire sinon comme un désir de communication, ou mieux encore, comme une façon de se représenter sur une autre scène, celle de la fiction, les réalités qui nous entourent ? Or les productions sud-africaines de langue anglaise sont restées assez longtemps mal tolérées par la société dont elles émanaient. Leur influence, leur impact demeurait faible, ce qui fut le cas, par exemple, du Narrative of a Residence in South Africa de Thomas Pringle qui ne sera publié à Londres qu'en 1834. Lors des six années qu'il avait passées en Afrique du Sud, il s'était heurté aux foudres de la censure. C'est que cette société engoncée dans son confort et dans ses privilèges n'aime guère que ses écrivains l'interpellent. Comme dans la plupart des sociétés coloniales, on ne sait pas comment vit la majorité noire, mais du fait d'une culpabilité sous-jacente, on préfère continuer à l'ignorer. Aussi, assez paradoxalement, pendant une longue période ces littératures sont-elles mieux connues à l'extérieur du pays que sur place. Les maisons d'édition sont souvent situées à Londres, ou à Berlin-Est, et il faudra un certain temps pour que le marché du livre finisse par acquérir une relative autonomie.
À vrai dire, cette situation ne doit pas nous étonner, puisque l'Afrique du Sud est longtemps restée le pays des communications interdites. Peu à peu, au fil des ans, une législation tatillonne a été mise en place. Elle permet au pouvoir d'interdire de publication (Bannings) tout ouvrage qui peut lui sembler séditieux. Dès lors, l'écrivain ne peut survivre, et il se voit acculé à l'exil : c'est le cas de la plupart des romanciers de couleur. Parvenus en Europe, ils pourront enfin s'exprimer et continuer à dénoncer ce régime qui leur a rendu la vie impossible. En 1958, un poète métis, Dennis Brutus, lance une association pour combattre la ségrégation raciale dans le domaine des sports. En 1961, il est assigné à résidence. Arrêté en 1963, il est relâché. Il passe alors au Mozambique, en vain : la police portugaise le rend à son pays. À Johannesburg, lors d'un transfert, il s'évade ; il est blessé et condamné, en 1964, à dix-huit mois de travaux forcés. Il s'échappe, et un an plus tard, il publie Letters to Martha, de très beaux poèmes composés au fond de la prison. Les Blancs ne sont pas épargnés. En 1973, la romancière Nadine Gordimer, qui remportera le prix Nobel de littérature en 1991, publie un remarquable essai critique, The Black Interpreters. Des passages entiers de son étude sont recouverts d'un cache noir, dès qu'elle prétend citer un poète interdit par la censure. En 1974, Kennis van die Aand (Au plus noir de la nuit), roman d'André Brink traduit de l'afrikaans, est également interdit pour obscénité : il narre l'épopée d'une famille métisse.
Écrire est donc un acte dangereux. L'écrivain sud-africain entend traiter de communication dans un pays où elle est interdite, où le corps social est cloisonné en blocs ethniques étanches et où la ségrégation raciale, le système de l' apartheid sont institutionnalisés. Et pourtant, le désir de rencontrer l'autre restera toujours très fort. On peut dire que ces textes sont assoiffés et comme obsédés d'un désir de communiquer en levant les barrières établies par le système politique. Ils se présentent à nous comme un jeu de miroirs où chacun, qu'il soit Blanc, Noir, Hindou ou Métis, cherche à retrouver une image spéculaire, à moins qu'il ne tente de lire dans le miroir de l'autre ces représentations qui lui sont justement interdites : écrire, ici, c'est s'engager, prendre un risque. « Cet autre, que pense-t-il de moi, comment vit-il, et qui est-il, au juste ? Peut-on se mettre dans sa peau,[...]
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Écrit par
- Ivan CROUZEL : docteur en science politique, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde
- Dominique DARBON : professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Benoît DUPIN : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Philippe-Joseph SALAZAR
:
distinguished professor en rhétorique à l'université du Cap, ancien doyen - Jean SÉVRY : professeur émérite à l'université Paul-Valéry, Montpellier
- Ernst VAN HEERDEN : D. Litt. et Ph. (Gand), D. Litt. honoris causa, professeur émérite de l'université du Witwatersrand, Johannesburg.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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