AFRIQUE (Histoire) De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine
Traite des esclaves et conquêtes européennes (1450-1850)
L'arrivée des Européens sur les côtes transforme profondément les conditions de vie du continent, jusque dans l'intérieur, même si les Européens se sont presque toujours bornés à installer des comptoirs sur une étroite bande côtière, leurs exigences commerciales, par le relais de souverains ou de commerçants africains, vont peu à peu ébranler presque toutes les sociétés anciennes.
Les Portugais
L'unité de leur royaume achevée, les Portugais se lancent à la conquête de territoires africains ; dès 1415, ils prennent Ceuta ; peu à peu, ils transforment l'économie marocaine, affaiblie sous des dynastes évanescents, en satellite de l'économie portugaise. Longeant les côtes vers le sud, ils reprennent des itinéraires que beaucoup d'autres ont jalonnés avant eux, Arabes, Catalans ou même Italiens, sans jamais, cependant, établir de colonies fixes. L'atout des Portugais réside dans la mise au point d'un navire de faible tirant d'eau, léger et souple, capable de remonter le cours des fleuves : la caravelle ; celle-ci va servir à la circumnavigation de l' Afrique. En 1454, la presqu'île du Cap-Vert est atteinte ; en 1462, la Sierra Leone ; en 1475, le fond du golfe de Guinée, la côte du Cameroun, São Tomé ; en 1482-1483, Diogo Cao explore l'embouchure du Congo, qui paraît un moment susceptible de conduire vers le mystérieux Prêtre Jean, allié de rêve contre les musulmans. En 1487-1488, Bartolomeu Dias passe le cap de Bonne-Espérance et démontre que la côte du continent, au-delà, s'infléchit vers le nord. Jusque-là, on a suivi les côtes. L'expédition de Vasco de Gama, en 1497-1498, profite des vents favorables dans l'Atlantique intertropical, en direction de l'Amérique, puis se rabat plein est vers le Cap ; il découvre ensuite la côte orientale, depuis si longtemps fréquentée par toutes sortes de marins, experts en constructions navales, en techniques de navigation et en astronomie. Quelques années plus tard, les Portugais se rendent maîtres de la route de l'Asie, source d'énormes richesses, et cela d'autant plus aisément qu'en Méditerranée à ce moment un duel implacable est engagé entre Vénitiens et Ottomans ; ces derniers ont volé de succès en succès depuis la prise de Constantinople (1453), d'où ils menacent le flanc sud-est de l'Europe, et celle de l'Égypte (1516), d'où ils gagnent à la fois l'Afrique orientale par mer et l'Afrique septentrionale jusqu'aux abords du Maroc. La puissance ottomane, dont le rôle africain est certain mais encore peu étudié, laisse le champ libre à l'expansion portugaise.
Après quelques hésitations sur l'utilité d'une installation forte à Arguin, les Portugais construisent, après 1482, le fort de São Jorge da Mina (Ghana actuel) ; dès 1493, São Tomé devient la plaque tournante de leur commerce entre Congo et Bénin ; très vite, ils y stockent des esclaves vendus ensuite aussi bien en Afrique occidentale (Ashanti) qu'en Europe, ou dans les îles à sucre de l'Atlantique. Le royaume de Kongo subit une très forte pression des Portugais ; après la conversion du roi Afonso Ier (1507-1543), les trafiquants de São Tomé mais aussi la Couronne portugaise exploitent en grand les faiblesses, plus ou moins entretenues par eux, du royaume pour obtenir le maximum d'esclaves ; ceux-ci remplacent en quantité ceux d'Afrique occidentale, largement exportés, dès le dernier quart du xve siècle, vers les Canaries et les ports ibériques. En 1576, une colonie portugaise est créée au sud, en Angola, jusque-là dépendant du Kongo.
En Afrique orientale également, l'activité portugaise a de grandes répercussions. Ayant suscité la naissance du Monomotapa, rival du Zimbabwe, apparemment plus[...]
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Écrit par
- Hubert DESCHAMPS : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Jean DEVISSE : professeur émérite à l'université de Paris-I
- Henri MÉDARD : maître de conférences en histoire à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, centre de recherches africaines
Classification
Médias