AFRIQUE (Histoire) Les décolonisations
Alors que s'achève la décolonisation en Asie à la fin des années 1940, le mouvement se déplace en Afrique, tout spécialement au Maghreb, en pleine ébullition. Il existe pourtant déjà un pays d'Afrique du Nord qui a obtenu son indépendance : la Libye. C'est un précédent et un exemple. À leur tour, les nationalistes du Maroc, de Tunisie et d'Algérie s'efforceront d'utiliser le levier international, mais, si l'indépendance du Maroc et de la Tunisie lui doit effectivement beaucoup, c'est avant tout à leur combat intérieur que les nationalistes algériens durent l'indépendance de leur pays.
L'Afrique du Nord
Le sort des colonies italiennes et la naissance de la Libye
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les anciennes colonies italiennes, Érythrée, Somalie, restaient sous administration provisoire britannique. La question de leur avenir fut une des premières questions abordées par l'O.N.U. La solution de la tutelle internationale était logique mais se heurtait à toutes sortes de difficultés.
En Érythrée et en Somalie italienne, le problème était, à l'origine, régional. Grosso modo, il opposait aux ambitions de l' Éthiopie ressuscitée les aspirations de fractions ethniques locales. En Somalie italienne, les jeunes nationalistes « modernistes » se réclamaient d'une « Grande Somalie ». En Libye, la rivalité de l'Ouest et de l'Est compliqua le problème, au départ. Les dirigeants britanniques estimaient que la sécurité de la Cyrénaïque, province orientale de la Libye, constituait une zone stratégique. Les Français prétendaient participer à la tutelle, à cause du voisinage de la Tunisie. Les États-Unis, entrés dans les affaires d'Afrique du Nord depuis la guerre, étaient animés par une double volonté de ne pas paraître soutenir les anciennes puissances coloniales auprès des Arabes et de ne pas ouvrir de nouveaux champs d'influence à l'Union soviétique. Or Staline entendait mettre à profit les circonstances pour assurer la présence de l'U.R.S.S. au sud de la Méditerranée et revendiquait aussi une participation à la tutelle.
Le nationalisme s'était forgé dans la résistance de la Sanūsiyya à la conquête italienne. Cette confrérie avait aussi symbolisé une tentative de création d'un État arabe et musulman ; mais elle était inégalement implantée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques avaient encouragé l'unification des deux provinces du Nord en un émirat sanūsī sous la direction du sayid Muḥammad Idrīs, chef légitime de la confrérie. Les divisions demeuraient entre factions ; toutes, cependant, voulaient l'indépendance, encouragées de l'extérieur par la Ligue arabe.
Devant ces situations complexes, plusieurs hypothèses étaient envisageables : des trusteeships collectifs ou individuels, avec ou sans une Italie réhabilitée après le fascisme, des partitions, une évolution vers le self-government. Les quatre Grands, la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis et l'Union soviétique, ne purent se mettre d'accord sur un projet, ni à l'O.N.U. ni à l'occasion des négociations de paix avec l'Italie. En mai 1948, l'O.N.U. délégua une commission d'enquête pour connaître les vœux des populations sur leur avenir. En réalité, dès septembre 1948, les Quatre constatèrent leurs désaccords sur la Libye et sur l'Érythrée. Des manœuvres byzantines se poursuivirent pendant trois ans.
La commission de l'O.N.U. avait trouvé des populations profondément divisées en Èrythrée et n'avait pas indiqué de choix. En 1949, les Nations unies se prononcèrent alors pour la voie moyenne d'une « unité » autonome fédérée à l'Éthiopie, laissée sous administration britannique, et un commissaire de l'O.N.U. fut envisagé pendant une durée transitoire de deux ans.[...]
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Écrit par
- Marc MICHEL : professeur d'histoire contemporaine, université de Provence (Aix-Marseille-I)
Classification
Médias