AFRIQUE NOIRE (Culture et société) Civilisations traditionnelles
Civilisation des cités
De la côte du Sénégal au Kordofan, dans la savane soudanienne et la steppe sahélienne qui, au sud, limitent le Sahara, des villes marquaient, bien avant la pénétration européenne, les têtes des caravanes transsahariennes, les centres d'échange, les capitales : Koumbi, capitale du Ghana, pays de l'or, qui comptait environ 30 000 habitants au xie siècle ; Mali, où résidait le souverain de l'empire connu sous ce nom ; Tombouctou et Djenné, centres intellectuels ; Gao, sur le Niger, capitale de l'empire des Songhaï ; plus à l'est, Ouagadougou, Kano, Zaria, Ndjimi, El Fasher. Cette liste, qui pourrait être facilement allongée, témoigne de l'extension géographique de la civilisation des cités.
La prospérité de ces villes se fondait moins sur les relations entre agglomération et campagnes environnantes – comme c'était le cas pour les gros villages de la civilisation des greniers – que sur un réseau de commerce à longue distance qui unissait ces villes entre elles et, par les pistes caravanières, au Maghreb. Les biens exportés par les cités-États étaient des marchandises de luxe : or, ivoire, pelleteries, bois précieux, cuirs travaillés, plumes. Ce commerce se fondait sur une exploitation artisanale des ressources naturelles et sur des techniques spécialisées de fabrication (comme, la fonte du bronze à la cire perdue). Les marches sahariennes furent influencées par l'Islam ; mais le phénomène urbain n'est pas dû à cette influence : au sud de la zone soudanienne, en pays yoruba, d'autres cités-États se développèrent de manière indépendante (Ibadan, Bénin, Ifé et une dizaine de villes qui, au xixe siècle, comptaient chacune plus de 20 000 habitants).
Ces derniers noms évoquent un art idéaliste et classique, celui des têtes en bronze et en terre cuite d'Ifé, et un art massif et flamboyant, celui des plaques murales de Bénin.
Mais, comme dans toute civilisation urbaine de l'ère préindustrielle, la majorité de la population vivait en dehors des villes. Dans la savane soudanienne et sur la côte de Bénin, les paysans étaient groupés en des sociétés villageoises souvent autonomes par rapport aux cités. Cette indépendance culturelle s'exprime notamment dans des styles sculpturaux très originaux comme ceux des Bambara, des Dogon, des Bobo, des Sénufo, et de tant d'autres peuples.
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Écrit par
- Jacques MAQUET : professeur à l'université de Californie à Los Angeles
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