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AFRIQUE NOIRE (Culture et société) Religions

Relations entre les hommes et les dieux

La possession des initiés

Il arrive souvent que s'établisse une communication directe entre les hommes et les dieux par le processus de la possession dont les formes varient de la transe simple à la possession épiphanique au cours de laquelle le dieu présent délivre un message et permet un dialogue effectif avec les hommes. Parfois le prêtre du dieu est seul susceptible d'entrer en communication avec lui par la transe, dans d'autres cas, comme le bori des Hausa (Haoussa) du Niger et du Nigeria, les holey des Djerma et des Songhaï du Niger et du Mali, les tour des Sérères du Sénégal, les vodun du Bénin, on trouve de véritables collèges d'initiés qui, sous la direction des maîtres du culte, sont les réceptacles des dieux, les « chevaux des génies », qui participent ainsi physiquement et sans intermédiaire à la vie des hommes. Il arrive aussi que les ancêtres se manifestent de cette façon, notamment dans les populations paléonégritiques et chez les peuples d'Afrique australe et du Sud. Dans le cadre des cultes de possession, tout individu peut être, à tout moment, en théorie, choisi par un dieu pour être, suivant les différentes terminologies, son autel, sa maison, son époux, son cheval. Lorsque le dieu aura manifesté son choix en provoquant toute une série de troubles chez l'individu, une initiation sera nécessaire afin que soient connues les intentions du dieu. Selon les cas, l'esprit possesseur est apaisé et expulsé de l'homme qu'il a saisi et qui lui rendra un culte sans jamais plus être possédé, ou bien, au contraire, la transe et la possession sont progressivement intégrées et le « cheval » apprend à être disponible à l'appel du dieu qui n'entrera plus en lui qu'au cours des cérémonies organisées par la collectivité. Entre ces deux pôles, expulsion et intégration, les variations sont grandes et laissent ouvert le champ des investigations que de nombreux psychiatres, psychanalystes et sociologues ont, à la suite des ethnologues, entreprises sur les fonctions cathartiques de la possession.

Prêtres et rois sacrés

Si dans la possession tout individu peut éventuellement être l'instrument pratique des dieux qui s'incarnent en lui, la relation des hommes avec les puissances n'est pas toujours aussi directe ni individualisée. Certes, en Afrique, tout homme peut, à quelque moment de son existence, être prêtre en ce qu'une grande partie des rites accomplis partent du niveau familial pour s'élever progressivement à l'ensemble du groupe. Les chefs de lignage rendent un culte aux ancêtres, les occupants initiaux d'un site sont généralement responsables des sacrifices offerts aux génies des lieux et les chefs des communautés sont la plupart du temps des sacrificateurs ou tout au moins sont dépositaires des objets du culte souvent identiques aux insignes de leur pouvoir sur les hommes. Chez les Bambara du Mali, le dugutigi est le chef du village mais c'est aussi lui qui accomplit les sacrifices quand s'annoncent les pluies ou bien après la récolte ; en pays hausa, les yankasa, les enfants de la terre, étaient de véritables prêtres-doyens, guides des hommes de leur groupe et maîtres des couteaux et de la parole du sacrifice.

En dehors des fonctions d'accomplissement des rites et des sacrifices au nom du groupe et pour lui, certains prêtres sont investis de pouvoirs qui les lient plus étroitement aux dieux ou plutôt qui sont la marque même de la puissance des dieux qu'ils servent : ceux-là participent déjà du divin et ne sont plus de simples officiants. Ainsi le hogon est chez les Dogon un personnage sacré, sa salive est source d'humidité en même temps qu'il est soleil ; en conséquence, son pied ne doit pas toucher le sol qu'il dessécherait, et chaque nuit le serpent Lébé, l'ancêtre, vient alimenter[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., responsable de l'équipe de recherche numéro 225 (sociétés d'Afrique occidentale) du C.N.R.S.

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Média

Masque bamana - crédits : ni Schneebeli,  Bridgeman Images

Masque bamana