AFRIQUE-OCCIDENTALE FRANÇAISE (AOF)
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Créée par un décret du 16 juin 1895, sous la direction d'un gouverneur général, l'Afrique-Occidentale française (A-OF) répond à la nécessité de coordonner sous une autorité unique la pénétration française à l'intérieur du continent africain. L'A-OF est, à l'origine, constituée des colonies de la Côte-d'Ivoire, de la Guinée, du Sénégal et du Soudan français (auj. le Mali). Deux nouveaux textes, le 1er octobre 1902 et le 18 octobre 1904, achèvent d'organiser le groupe de colonies. Le gouverneur général, résidant à Dakar, capitale de la fédération, coiffe les lieutenants gouverneurs des différentes colonies et communique seul avec le ministre des Colonies. Il dispose d'un budget général, alimenté notamment par les recettes douanières des colonies formant l'A-OF. La loi de 1900 a créé l'armée coloniale et doté l'A-OF de structures militaires.
L'organisation de l'ensemble est surtout l'œuvre des gouverneurs généraux Roume et Merlaud-Ponty qui dirigent la fédération chacun durant six années, de 1902 à 1914. Au fur et à mesure de la conquête et de l'occupation sont créées les unités administratives, cercles et subdivisions. De grands emprunts sont émis pour l'équipement du pays. Successivement, le Dahomey (Bénin aujourd’hui), le Niger, la Mauritanie sont érigés en colonies et intégrés à l'A-OF. En 1919, la Haute-Volta (auj. le Burkina Faso) est constituée à partir de territoires enlevés au Soudan français. Elle sera dissoute en 1932, dépecée entre la Côte-d'Ivoire, le Soudan et le Niger, avant d'être reconstituée en 1947.
Des décrets, pris le 30 mars 1925, associent les Africains à la gestion de leurs intérêts, instituant des collèges électoraux indigènes. Quelques Africains siègent au Conseil de gouvernement de l'A-OF. Par décret du 13 janvier 1930, dix-huit chefs sont élus au Conseil colonial du Sénégal. L'accès à la citoyenneté française est libéralisé, mais cette mesure n'a guère de conséquences. En 1937, il n'y a que 72 000 indigènes citoyens français. La vie politique est réduite aux quatre communes de plein exercice du Sénégal.
Promulguée le 27 octobre 1946, la Constitution de la IVe République institue l'Union française. La loi du 7 mai 1946, dite loi Lamine Gueye, stipule que tous les ressortissants de l'A-OF deviennent citoyens français. La loi électorale institue un collège unique pour les élections législatives. Elle prévoit deux députés pour le Sénégal, un pour la Mauritanie, un pour la Guinée, trois pour le Soudan, un pour le Niger, trois pour la Côte-d'Ivoire et un pour le Dahomey. L'A-OF compte vingt sénateurs au Conseil de la République, vingt-deux conseillers à l'Assemblée de l'Union française.
Les assemblées territoriales sont organisées sur la base du double collège. Elles ont des compétences un peu plus importantes que les conseils généraux métropolitains. Le corps électoral, qui est formé de catégories de plus en plus larges de citoyens, passe de 939 454 en 1947 à 3 202 235 en 1951, avant que soit institué le suffrage universel.
Le pouvoir exécutif est exercé par un haut-commissaire qui remplace l'ancien gouverneur général. Il est assisté d'un Grand Conseil qui comprendra, en 1947, quarante membres, soit cinq élus par conseil territorial, une fois la Haute-Volta reconstituée.
L'influence du Rassemblement démocratique africain (RDA), dirigé par Félix Houphouët-Boigny, ainsi que l'éveil politique et syndical de l'A-OF obligent la métropole à des concessions. La loi-cadre du 23 juin 1956 dote les huit territoires d'A-OF d'un conseil de gouvernement dont les ministres sont nommés par l'Assemblée territoriale élue au suffrage universel avec un collège unique. L'administration fédérale reste le fait du[...]
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Écrit par
- Alfred FIERRO : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale
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AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
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