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AFRIQUE (Structure et milieu) Biogéographie

Origines des peuplements

Nous avons donné un aperçu des caractères principaux de la biogéographie africaine. Après avoir fait ces constatations, il faut tenter de leur découvrir une explication et, par conséquent, d'imaginer l'origine et l'histoire des peuplements.

Si, pendant la plus grande partie du Tertiaire, l'Afrique reste séparée de l'Eurasie par la mer à Nummulites de la Téthys, à la fin du Miocène (Pontien), divers éléments de la faune à Hipparion pénétreront en Afrique du Nord : au Pliocène, l'Afrique se trouve en relations avec l'Inde sans qu'il soit toujours possible d'ailleurs de déterminer ni le sens des migrations (Afrique-Asie ou vice versa), ni l'étendue des convergences dans les similitudes observées.

De bonne heure (faune oligocène du Fayoum dont on a découvert des jalons en Libye et jusqu'au Mali et au Sénégal) on trouve en Afrique une faune apparemment autochtone (Proboscidiens, Hyracoïdes, Suiformes, singes...). Divers travaux tendent à accroître très sensiblement le volume de l'endémisme africain d'origine, à restreindre celui des contacts transcontinentaux, limités peut-être à un certain nombre d'échanges avec l'Eurasie au Pontien et à quelques immigrations tardives pléistocènes (zèbres vers l'est ainsi que vers le sud, ours et cerfs en Berbérie...). L'importance de l'Afrique dans le développement des Primates, et, en particulier, des Hominidés est aujourd'hui établie par de nombreuses découvertes faites depuis les années cinquante (Australopithèques en Afrique du Sud et en Tanzanie, représentants archaïques du genre Homo en Afrique australe, orientale, septentrionale).

Au cours du Pléistocène, une série de fluctuations climatiques, correspondant à celles qui, plus au nord, déterminaient les périodes glaciaires et interglaciaires, devaient en modifiant régionalement la température et l'humidité, entraîner des variations considérables dans l'extension des zones bioclimatiques (forêt dense, savanes-steppes, déserts) et, par conséquent, dans la distribution des faunes et des flores. C'est ainsi que peut s'expliquer, par exemple, le peuplement de montagnes, aujourd'hui biologiquement isolées, mais qu'un abaissement de 5 0C de la température moyenne suffirait à réunir, ou l'existence au Sahara, à une époque récente, d'une flore localement méditerranéenne (pins, chênes, tilleuls, etc.) ou d'une grande faune soudanaise (éléphants, girafes, rhinocéros...).

Doit-on admettre un ou plusieurs déplacements en latitude de la forêt équatoriale, partie d'Afrique du Nord et venue s'installer sur ses positions actuelles précédemment occupées par des végétations sèches ? Faut-il accepter l'hypothèse d'une vieille flore africaine archaïque, tertiaire, plus ou moins xérophile, aujourd'hui surtout australe, orientale, désertique et montagnarde ?

Existe-t-il un centre de spéciation et de dispersion austral ? La région du Cap a-t-elle fonctionné comme une tête de pont ou seulement comme cul-de-sac ? Ce sont là quelques-uns des grands problèmes de la biogéographie africaine dont la solution ne semble pas encore en vue.

— Théodore MONOD

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Muséum national d'histoire naturelle

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