AFRIQUE (Structure et milieu) Géographie générale
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Géographie humaine et économique
Un continent pluriel au développement inégal
L’Afrique présente une grande diversité humaine et des niveaux de développement économique très inégaux. La diversité socio-économique du continent reflète, en premier lieu, celle des écosystèmes. Les sociétés rurales, encore très proches de la nature, vivent en symbiose avec des milieux aux aptitudes variées – déserts, pays de savane, forêts équatoriales, milieux d’altitude... Nomadisme et sédentarité définissent deux rapports au monde très différents. La diversité tient aussi aux conditions historiques du peuplement. Alors que le Maghreb et l’Égypte baignent depuis des millénaires dans l’aire des civilisations méditerranéennes, que des empires se sont formés dans les espaces sahéliens au Moyen Âge, l’Afrique forestière est restée longtemps isolée et n'a connu d’organisation étatique, avant la colonisation, que sur ses bordures maritimes.
Les puissances coloniales européennes ont remodelé la géographie du continent en lui imposant des frontières. Le puzzle territorial composé de 54 États (en 2024) présente une grande diversité : l’aménagement de vastes territoires comme ceux de l’Algérie ou de la RDC n’est pas comparable à celui des micro-États insulaires comme São Tomé-et-Príncipe ou Maurice. Depuis les indépendances, des raisons économiques ou politiques ont poussé les États africains à se regrouper. Les « sous-régions » se sont souvent constituées dans le sillage des fédérations coloniales : l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont les héritières directes de l’Afrique-Occidentale française (A-OF) et de l’Afrique-Équatoriale française (A-ÉF). Ces deux entités ont chacune pour monnaie le franc CFA, aujourd’hui adossé à l’euro, de plus en plus contesté dans la zone UEMOA. Des regroupements plus vastes correspondent à de grands sous-ensembles géographiques et économiques. Tous les États font partie d’au moins un d’entre eux : Union du Maghreb arabe (UMA), Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). À l’échelle continentale, l’Union africaine (UA), qui a succédé en 2002 à l’Organisation de l’unité africaine (OUA), créée en 1963, comprend les 54 États africains plus la République arabe sahraouie démocratique bien que celle-ci n’ait pas de reconnaissance internationale, pas plus que le Somaliland, indépendant de facto de la Somalie. Enfin, sur le plan économique, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), mise en place officiellement en 2021 (seule l’Érythrée n’y adhère pas) ambitionne d’établir un marché commun africain. La démarche, portée par l’idéal du panafricanisme, se heurte cependant aux intérêts nationaux, aux inégalités de développement des États et aux carences en matière d’infrastructures sans lesquelles l’intégration territoriale, quelle qu’en soit l’échelle, demeure une utopie.
L’Afrique, prise dans sa globalité, est le continent le moins développé. En 2022, le PIB moyen par habitant, exprimé en parité de pouvoir d’achat (PPA), dépassait à peine 5 000 dollars (moins de 1 000 au Burundi et en RCA) pour une moyenne mondiale de plus de 18 000 dollars. Parmi les trente États situés en bas de l’échelle de l’indicateur de développement humain (IDH), la quasi-totalité sont africains. Continent de la pauvreté, l’Afrique offre cependant des visages contrastés. Le Maghreb et l’Afrique australe se situent nettement au-dessus de la moyenne. Les régions[...]
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Écrit par
- Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
Classification
Médias