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AGRESSIVITÉ, éthologie

Compte tenu des modes linguistiques adoptées par les milieux scientifiques, ce terme ambigu d'agressivité devrait désigner beaucoup plus une éventuelle pulsion agressive, que dénient la plupart des spécialistes, que son expression comportementale, à savoir l'agression.

Au cours de la première moitié du xxe siècle, deux écoles se sont affrontées en ce qui concerne l'agressivité. L'un des fondateurs de l' éthologie européenne, Konrad Lorenz, utilisait le terme et défendait l'idée d'une agressivité en tant que pulsion (ce que d'autres appelleraient instinct) inhérente à l'ensemble du règne animal, l'homme y compris. De leur côté, les chercheurs américains, souvent marqués par le behaviourisme de Watson et Skinner, réfutaient l'existence même de cette pulsion qui, en fait, excusait d'avance toutes les violences, toutes les guerres, toutes les formes d'agression. Pour Scott, par exemple, l'agression n'était que la résultante d'acquisitions, d'apprentissages par observation. La plupart des sociétés animales et humaines ne feraient que renforcer (au sens behaviouriste du terme) les comportements d'agression.

Aujourd'hui, c'est de loin cette dernière conception qui recueille l'adhésion du monde scientifique. Et c'est la raison pour laquelle il est d'usage de parler d'agression, au sens de comportement agressif, plutôt que d'utiliser le terme plus ambigu d'agressivité auquel certains attachent encore une connotation motivationnelle.

Comme tout comportement, l'agression est la résultante d'une combinaison complexe de facteurs endogènes et de facteurs exogènes qui vont de l'expérience acquise par l'organisme à l'ensemble des facteurs de l'environnement physique et social. Comme pour compliquer les choses, l'agression est l'aboutissement de multiples séquences comportementales : elle est intimement liée au comportement territorial et aux relations de dominance. C'est une composante non négligeable des comportements sexuels ou maternels ; on ne saurait parler de « fermeture » d'un groupe social sans invoquer l'agression de ses membres.

Les spécialistes du comportement ont pris l'habitude de parler de comportements agonistiques plutôt que de comportements d'agression. L'agression correspond clairement aux attaques réelles ou simulées et à l'intention d'attaquer, c'est-à-dire aux menaces. Mais l'individu agressé dispose de plusieurs réponses possibles que l'on ne saurait négliger : il peut s'immobiliser, se soumettre, fuir ou contre-attaquer. Lorsqu'on englobe toutes ces composantes comportementales qui vont de la menace à la fuite ou à la soumission, en passant par l'attaque proprement dite, il est d'usage d'employer le terme de comportements agonistiques.

Nous disposons aujourd'hui de données assez claires en ce qui concerne les mécanismes sous-jacents à ces comportements. Les physiologistes, les généticiens, les endocrinologistes sont à peu près d'accord, et les très nombreux résultats expérimentaux obtenus chez l'animal se trouvent, le plus souvent, confirmés par les observations des cliniciens et quelques rares travaux expérimentaux réalisés chez l'homme.

Le substrat nerveux

Les neurophysiologistes et les physiologistes du comportement sont parvenus à localiser les substrats nerveux de l'agression au niveau de structures sous-corticales et diencéphaliques : amygdale et hippocampe dans le système limbique (cf. système limbique), hypothalamus latéral dans le diencéphale. Une stimulation électrique des noyaux amygdaliens fait apparaître des comportements de menace et d'agression chez beaucoup d'espèces animales. Les attaques ainsi provoquées sont, en apparence, identiques aux réponses naturelles[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Strasbourg-I (Louis-Pasteur), directeur du laboratoire de psychophysiologie.

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