AGRESSIVITÉ, éthologie
Rôle de certaines hormones
Sur le plan endocrinien, il est clair que toutes les formes d'agression n'obéissent pas au schéma simpliste élaboré vers les années quarante selon lequel toute élévation du taux des androgènes (hormones sexuelles mâles) correspond à une augmentation du niveau d'agression. Ce schéma n'est cependant pas abandonné et on explique ainsi la docilité des mâles de certaines espèces domestiques obtenue par castration. Mais on s'est aperçu que l'âge auquel est effectuée la castration, revêt une importance capitale. On a montré qu'un traitement aux hormones mâles de jeunes souris, le jour de leur naissance, entraîne une différenciation des structures nerveuses liées à l'expression de certaines formes d'agression, comme l'agression intraspécifique. Ainsi, on peut rendre des souris femelles aussi agressives que des mâles à condition de leur faire subir les traitements suivants : traitement aux androgènes le jour de leur naissance, ablation de leurs ovaires un peu plus tard puis, après l'âge où se situe normalement la maturité sexuelle, un nouveau traitement aux androgènes, celui-ci faisant apparaître les comportements d'agression. Mises en présence d'autres femelles ayant subi le même traitement ou de mâles intacts, elles se battent violemment. De tels résultats ont été retrouvés chez d'autres espèces. Les choses se sont compliquées lorsque l'on s'est aperçu qu'un traitement périnatal aux œstrogènes (hormones sexuelles femelles) pouvait également entraîner la même différenciation des structures nerveuses dans le sens de l'agression des mâles. On explique de tels résultats paradoxaux par la parenté chimique qui existe entre toutes les hormones sexuelles et le passage possible d'une forme à l'autre grâce à des systèmes enzymatiques.
Dans le cas des souris, par exemple, tout ce qui précède s'applique parfaitement à l'agression intraspécifique. Mais, dans le cas de l'agression territoriale (celle qui est impliquée dans la défense du territoire contre un éventuel intrus), on peut obtenir des réponses agonistiques de la part de mâles castrés ou de femelles privées de leurs ovaires et n'ayant subi aucun apport d'hormones à l'âge adulte.
Chez d'autres espèces animales, comme le macaque, on est parvenu à accroître le niveau d'agression des femelles par un apport d'œstrogènes. Et si l'on souhaite modifier la différenciation des structures nerveuses liées à l'expression de l'agression, chez les primates, il faut intervenir, non plus juste après, mais juste avant la naissance.
Enfin, d'autres hormones paraissent impliquées dans les comportements d'agressions : il en est ainsi de l'ACTH hypophysaire et de certaines hormones du cortex surrénalien. Leshner (1973) a montré que l'ablation bilatérale des surrénales inhibait l'agression intermâle chez la souris ; cette inhibition était maintenue malgré un traitement des animaux aux androgènes.
Tous ces résultats paraissent indiquer que certaines hormones sont susceptibles d'agir sur le système nerveux central, au niveau des structures qui contrôlent l'expression des comportements d'agression. De nombreuses équipes de recherche se préoccupent de découvrir le maillon qui sert d'intermédiaire entre les molécules hormonales et le fonctionnement de certains neurones ; il semble bien que ce maillon soit représenté par les médiateurs chimiques dont le métabolisme serait affecté par certaines hormones.
Des observations cliniques ou même quelques travaux expérimentaux suggèrent que ces processus endocriniens joueraient un rôle analogue dans l'espèce humaine. Tout d'abord, il est évident que les hommes sont plus agressifs que les femmes et que, dans la majorité des sociétés humaines, ce[...]
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Écrit par
- Philippe ROPARTZ : professeur à l'université de Strasbourg-I (Louis-Pasteur), directeur du laboratoire de psychophysiologie.
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