AGRESSIVITÉ, éthologie
Les facteurs exogènes
Les choses se compliquent singulièrement lorsqu'on s'intéresse aux facteurs de l'environnement qui suscitent ou contrôlent les comportements d'agression.
Chez l'animal, il est banal de faire apparaître le rôle de l'espace disponible, de la frustration, de la privation alimentaire, de la concurrence, de la structure sociale du groupe, dans l'expression de l'agression. Il est également certain que, chez l'animal, on ne saurait séparer l'agression des comportements sociaux ; l'animal a besoin d'un adversaire pour exprimer son agression et, en dehors de situations pathologiques, l'auto-agression n'est pas de mise chez l'animal.
L'expérience acquise par l'organisme peut rehausser ou diminuer son niveau d'agression : il y a longtemps que l'on sait rendre agressive une souris habituellement vaincue et inversement. Un rat tueur de souris cessera de manifester ce comportement muricide si, chaque fois qu'il agresse une souris, l'expérimentateur lui délivre un choc électrique.
Et il va sans dire que les premiers stades de développement permettent aux jeunes d'apprendre certains éléments des comportements d'agression comme les menaces et surtout les façons de contrôler, de réguler cette agression. Que ce soit au contact des parents, au travers des jeux, par observation du comportement des autres membres du groupe, le jeune connaît de nombreuses occasions pour apprendre ces éléments des comportements agonistiques.
Les éthologistes ont montré très clairement les moyens de contrôle de l'agression que représentent les displays ou comportements ritualisés. Par displays, il faut entendre des comportements qui, au cours de l'évolution, ont acquis une valeur de communication ; ils sont pratiquement devenus des comportements symboliques. Il s'agit de postures, de mimiques, de mouvements du corps, très mécanisés, souvent répétés comme pour être mieux compris par chacun. La plupart des espèces possèdent ainsi quelques displays, les uns servant à exprimer la dominance, d'autres la menace ou la soumission, etc. Des émissions vocales, des odeurs viennent compléter ce rapide tableau des moyens mis en œuvre par les espèces animales afin de réguler leurs comportements d'agression. Cela explique le peu de combats à mort, le petit nombre de blessures malgré la fréquence élevée des interactions agressives. Un combat symbolique, « ritualisé », est tout aussi efficace qu'un combat réel, mais il est beaucoup moins dangereux pour la survie des individus et donc pour celle des espèces. Il est peut-être intéressant de signaler que la très grande majorité des études comportementales effectuées sur la ritualisation de l'agression ont été réalisées par des équipes qui se réfèrent à l'éthologie européenne, c'est-à-dire aux auteurs qui supposaient l'existence d'une pulsion agressive inhérente à tous les animaux.
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Écrit par
- Philippe ROPARTZ : professeur à l'université de Strasbourg-I (Louis-Pasteur), directeur du laboratoire de psychophysiologie.
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