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PERDIGUIER AGRICOL (1805-1875)

Né à Morières (Vaucluse), Perdiguier est marqué par les violences de la Terreur blanche, particulièrement graves dans le Sud-Est, qui menacent les siens. Très tôt, ouvrier menuisier à l'âme généreuse, il rêve de transformer l'esprit du compagnonnage déchiré par des rivalités dépassées qui peuvent conduire à des affrontements sanglants. Son apostolat n'est pas sans écho ; il inspire dans une large mesure George Sand, écrivant en 1841 Le Compagnon du tour de France ; Eugène Sue le loue dans Le Juif errant ; Mistral s'en souviendra en évoquant Calendal. En 1848, Perdiguier est élu à l'Assemblée constituante ; réélu à la Législative en 1849, il siège sur les bancs de la gauche modérée, défendant contre les conservateurs la limitation de la durée de la journée de travail. Après le coup d'État du 2 décembre 1851, il fait partie des républicains proscrits, vit quelque temps en Belgique, puis à Genève, avant de revenir en France en décembre 1855. C'est durant cet exil qu'il écrit, en 1854, ses Mémoires d'un compagnon, œuvre admirable qui fait revivre sans emphase la condition de l'artisan, l'esprit des travailleurs et les divers aspects d'une personnalité attachante. Les dernières années de sa vie, pendant lesquelles il a ouvert une petite librairie à Paris, sont difficiles et sombres ; mais Perdiguier ne se renie pas ; il reste républicain, déiste, hostile à la Commune et à tout fédéralisme. En vérité, il est largement oublié. Autodidacte, Agricol Perdiguier n'est pas un grand esprit ; même régénéré, le compagnonnage n'était sans doute pas à même de transformer la condition ouvrière. Mais Perdiguier incarne ce qu'il y avait de meilleur dans l'âme populaire au milieu du xixe siècle.

— Pierre GUIRAL

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