- 1. Principales composantes de l’agriculture durable
- 2. Agriculture conventionnelle et formes d’agriculture durable
- 3. Formes d’agriculture durable privilégiant les composantes agronomiques
- 4. Formes d’agriculture durable privilégiant les composantes économiques et sociales
- 5. Archétypes de l’agriculture durable
- 6. Problématiques et nouveaux développements des formes d’agriculture durable
- 7. Diffusion des formes d’agriculture durable et politiques agricoles
- 8. Bibliographie
- 9. Sites internet
AGRICULTURE DURABLE
Problématiques et nouveaux développements des formes d’agriculture durable
Les limites de l’agriculture biologique
L’agriculture biologique jouit d’une image très positive dans l’opinion publique. Elle est synonyme de santé, de pureté, de qualité, de naturalité, d’harmonie avec l’environnement, de proximité avec les consommateurs… Elle bénéficie, par ailleurs, du soutien d’actions militantes guidées par des considérations éthiques, comme celle des « locavores », c’est-à-dire des citoyens qui cherchent à acquérir les produits alimentaires qu’ils consomment au plus près de leur lieu de résidence. Les A.M.A.P., qui s’inscrivent dans cette démarche de proximité, font souvent une large place aux produits « bio ».
L’ agriculture biologique bénéficie d’une reconnaissance officielle en France depuis le début des années 1980 et un règlement communautaire européen s’applique à elle depuis 1991. Cette reconnaissance se manifeste par l’attribution, depuis 1984, du logo AB (agriculture biologique) à ses productions. Le Grenelle de l’environnement de 2007 avait fixé pour la France des objectifs de 6 p. 100 des superficies agricoles en « bio » pour 2012 et de 20 p. 100 pour 2020. Ces objectifs se sont révélés trop ambitieux : le « bio » n’occupait qu’un peu plus de 3 p. 100 des superficies agricoles françaises (et seulement 4 p. 100 des exploitations) en 2012 et l’objectif pour 2018 (la référence à 2020 ayant été abandonnée) a été fixé à 8 p. 100. En France, l’agriculture biologique est surtout présente dans les régions méridionales (régions méditerranéenne et aquitaine) ainsi que dans le Grand Ouest. Elle est très peu pratiquée dans le Bassin parisien.
Si l’Union européenne rassemble le quart des superficies cultivées en « bio » de la planète et figure parmi les pays qui font le plus de place à l’agriculture biologique (5 p. 100 de ses surfaces agricoles), les superficies agricoles destinées à l’agriculture biologique certifiée comme telle, correspondent, à l’échelle mondiale, à moins de 1 p. 100 de l’ensemble des terres agricoles de la planète. Les contrôles et les certifications (qui sont réalisés aux frais des producteurs) ne portent que sur les moyens mis en œuvre et pas sur les résultats et la qualité des produits obtenus. Aucune étude approfondie n’a d’ailleurs pu prouver jusque-là que les produits agricoles « bio » soient effectivement meilleurs pour la nutrition et la santé que ceux de l’agriculture conventionnelle.
Si l’agriculture biologique présente des qualités très réelles dans le domaine environnemental, elle n’en comporte pas moins des limites. Son refus d’utiliser des herbicides de synthèse l’oblige à recourir à des désherbages mécaniques qui sont coûteux en main-d’œuvre et en énergie. Le seul fongicide efficace qu’elle s’autorise – le sulfate de cuivre, dont la préparation la plus connue est la « bouillie bordelaise » – présente l’inconvénient d’accroître les teneurs en cuivre (métal dont la dégradation est particulièrement lente) de différents produits agricoles, dont la pomme de terre, la tomate ou le raisin. Enfin, les rendements par hectare de l’agriculture biologique sont à la fois inférieurs de 30 à 40 p. 100 à ceux de l’agriculture conventionnelle et bien plus irréguliers d’une année sur l’autre. Cela implique, pour ses productions, des prix de vente en général de 40 à 50 p. 100 supérieurs par rapport à ceux de l’agriculture conventionnelle, et parfois davantage. Les consommateurs de produits « bio » appartiennent plutôt aux catégories sociales les plus aisées.
Si le « tout bio » peut être envisagé et encouragé sur des espaces relativement limités, telles les zones de captage d’eau potable, sa généralisation n’apparaît guère envisageable – malgré une demande qui demeure dynamique – à[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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