- 1. Principales composantes de l’agriculture durable
- 2. Agriculture conventionnelle et formes d’agriculture durable
- 3. Formes d’agriculture durable privilégiant les composantes agronomiques
- 4. Formes d’agriculture durable privilégiant les composantes économiques et sociales
- 5. Archétypes de l’agriculture durable
- 6. Problématiques et nouveaux développements des formes d’agriculture durable
- 7. Diffusion des formes d’agriculture durable et politiques agricoles
- 8. Bibliographie
- 9. Sites internet
AGRICULTURE DURABLE
Diffusion des formes d’agriculture durable et politiques agricoles
Même sans prendre en compte le foisonnement et la diversité des agricultures qui se réclament de la durabilité, il est clair qu’on ne peut pas établir de modèle unique d’agriculture durable, généralisable à l’ensemble de la planète, ni même à un pays ou une région, dans la mesure où les résultats de ce type d’agriculture reposent très largement sur une adaptation aussi fine que possible aux conditions agronomiques, mais aussi socio-économiques et culturelles, nationales, régionales et locales. Cela complique la place plus ou moins importante qui peut être faite aux agricultures durables et à leur intégration dans les politiques agricoles.
En France, en attendant les développements du projet agro-écologique, trois formes d’agriculture durable seulement s’inscrivent dans des cadres réglementaires bénéficiant de certifications : l’agriculture biologique, l’agriculture à haute valeur environnementale (H.V.E.) et l’agriculture raisonnée. Toutes les autres fonctionnent en dehors de cadres réglementaires officiels.
La diffusion de différentes formes d’agriculture durable à laquelle nous assistons aujourd’hui pose la question de savoir jusqu’où il est possible de limiter les apports d’intrants d’origine industrielle sans remettre en question la viabilité économique des exploitations agricoles. Les expérimentations sont appelées à se poursuivre dans ce domaine. Dans l’immédiat, les travaux menés par l’I.N.R.A. (l’Institut national de la recherche agronomique) montrent qu’ on peut réduire jusqu’à 30 p. 100 les apports de pesticides par rapport à ceux de l’agriculture conventionnelle avec une réduction minime des rendements par hectare et un maintien du niveau de revenu de l’agriculteur. Au-delà, et alors que l’objectif du Grenelle de l’environnement était de réduire de 50 p. 100 les apports de pesticides, la production et le revenu de l’agriculteur baissent de façon sensible. C’est donc moins vers un bannissement des intrants d’origine industrielle que vers l’optimisation de leur utilisation que s’orientent les recherches, que celles-ci soient publiques ou privées.
Une autre question que pose la diffusion des agricultures durables est celle des réseaux officiels ou informels par lesquels cette diffusion peut s’opérer : comment passer, à partir d’initiatives pionnières, à l’adoption généralisée de formes d’agriculture durable ? Comment également articuler au mieux les différentes échelles territoriales de la durabilité, depuis l’échelle de l’exploitation agricole jusqu’à celle de la région, en passant par celle d’un bassin versant ? En particulier, l’obtention de retombées positives sur la qualité des eaux d’un bassin versant impliquent que le choix de la durabilité ne soit pas seulement le fait d’une minorité d’exploitations agricoles, mais de leur très grande majorité.
L’indispensable mise aux normes environnementales des exploitations agricoles risque de se traduire, comme on le constate aujourd’hui en France pour les exploitations d’élevage avec la mise en place progressive des programmes de maîtrise des pollutions d’origine agricole (P.M.P.O.A.), par une disparition accélérée des exploitations les plus petites et les plus fragiles. Les objectifs environnementaux et les objectifs socio-économiques peuvent se révéler contradictoires.
La généralisation de différentes formes d’agriculture durable impliquera, au-delà de la mise au point de nouveaux itinéraires techniques et d’innovations dans différents domaines, l’élaboration de politiques agricoles résolument engagées dans leur promotion et leur diffusion. La préservation de la biodiversité ainsi que du capital fondamental que constitue la qualité des sols et des ressources en eau en dépendent. Mais cela va demander plus de recherches, plus de travail[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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