- 1. Les raisons et les moyens des politiques agricoles
- 2. Politiques dans les pays développés et en développement jusqu’aux années 1980
- 3. La remise en cause des politiques agricoles et alimentaires dans les années 1980
- 4. Les négociations internationales depuis les années 1980
- 5. L’évolution des politiques agricoles depuis les années 1990
- 6. L’avenir compromis des négociations agricoles à l’OMC
- 7. Bibliographie
- 8. Sites internet
AGRICULTURE Politiques agricoles et négociations internationales
Les politiques agricoles, qui sont aussi des politiques alimentaires, environnementales, d’aménagement du territoire et de santé publique, sont un sujet de discorde dans les relations internationales : entre les pays de l’Union européenne (UE), entre l’UE et les États-Unis, entre les pays émergents et les pays pauvres, entre les pays développés et les pays en développement... À plusieurs reprises, les négociations internationales conduites dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont échoué du fait des questions agricoles. La libéralisation de ce secteur, promue par certains, est très vivement contestée par d’autres, notamment parce que l’agriculture concerne l’alimentation et donc la vie.
Les motifs et les moyens des interventions publiques en agriculture sont divers. Pour autant, les politiques agricoles mises en place au cours du xxe siècle ont été remises en cause à partir des années 1980 et elles ont évolué, sous l’influence notamment des discussions menées dans le cadre de l’OMC.
Les raisons et les moyens des politiques agricoles
Depuis la haute antiquité, la plupart des États sont intervenus dans l’économie du secteur agricole, pour des motifs variés parmi lesquels figurait presque toujours l’objectif de garantir la sécurité des approvisionnements alimentaires de la population. En effet, dans de nombreuses sociétés, la certitude que l’État fait tout son possible pour assurer à chacun, à tout moment, un accès à une nourriture suffisante en quantité et en qualité est l’un des fondements du contrat social qui lie l’État à ses ressortissants. Autrement dit, une politique agricole est fondamentalement une politique alimentaire. De fait, la très grande majorité des produits agricoles sert à l’alimentation et la quasi-totalité des aliments provient de denrées agricoles. Par ailleurs, l’activité agricole, qui occupe beaucoup d’espace, a des effets sur l’environnement. De plus, dans beaucoup de pays, elle procure des moyens d’existence à un nombre important d’agriculteurs. Une politique agricole est donc aussi une politique d’emplois et de revenus en milieu rural, une politique environnementale et d’aménagement du territoire, ainsi que de santé publique.
Pourquoi des politiques agricoles ?
Le bien-fondé des interventions publiques dans le secteur agricole est l’objet de vifs débats entre économistes libéraux et non libéraux. Cela étant, beaucoup d’économistes sont d’accord pour dire que l’instabilité des marchés agricoles peut justifier de telles interventions. En effet, sur ces marchés, la demande est en général très stable, notamment parce que l’alimentation est un besoin vital. Or l’offre est variable, en raison entre autres des aléas climatiques et biologiques (maladies des plantes et des animaux, ravageurs…). Dans ces conditions, en l’absence d’intervention, lorsque les récoltes sont abondantes, les prix de marché sont faibles et les agriculteurs sont en difficulté. Inversement, quand les récoltes sont maigres, les prix sont élevés et ce sont les consommateurs pauvres qui en souffrent. C’est pourquoi de nombreux analystes s’accordent sur l’utilité d’une régulation de cette instabilité.
Beaucoup d’économistes reconnaissent aussi qu’une intervention publique est souhaitable pour réguler l’offre de certains biens et services dont la production est inhérente à l’activité agricole, mais pour lesquels il n’existe pas de marché. Par exemple, l’embellissement des paysages et la protection de l’environnement sont considérés comme des services positifs. En revanche, les pollutions et les contaminations alimentaires sont perçues comme des dommages. Étant donné qu’il n’existe pas de marché pour ces biens et services, le risque est bien réel que l’offre de biens et services positifs soit inférieure à la demande collective et que la production de biens et de services[...]
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Écrit par
- Laurence ROUDART : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)
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