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AGRICULTURE Politiques agricoles et négociations internationales

Politiques dans les pays développés et en développement jusqu’aux années 1980

En simplifiant, on peut dire que les politiques agricoles conduites dans beaucoup de pays développés, des années 1930 aux années 1980, ont consisté :

– à garantir aux agriculteurs des prix relativement stables et élevés, souvent supérieurs aux cours internationaux, pour des denrées jugées importantes ;

– à subventionner certains facteurs de production ;

– à verser des aides directes aux revenus des agriculteurs (États-Unis) ;

– à financer, par des fonds publics, des services de recherche, de vulgarisation, ainsi que des infrastructures.

Dans les pays développés, le secteur agricole a ainsi été largement protégé de la concurrence des importations et de l’instabilité structurelle des marchés. Il a bénéficié de transferts financiers provenant du budget de l’État ou des consommateurs payant les produits agricoles à des prix relativement élevés. Et les volumes produits ont énormément augmenté.

À l’inverse, dans beaucoup de pays en développement, où l’agriculture représentait une grande part de l’emploi et du revenu national, les gouvernements ont instauré, après l’indépendance de leur pays, des politiques consistant à prélever des ressources dans ce secteur. Ces politiques ont usé de divers moyens afin d’abaisser les prix payés aux agriculteurs pour leurs produits, en vue d’encourager l’industrialisation, la modernisation urbaine et administrative, et de favoriser l’accès à l’alimentation, en particulier pour les populations pauvres. En effet, les interventions reposaient sur les raisonnements suivants : de bas prix agricoles devaient déboucher sur de faibles prix alimentaires et signifiaient des prix modiques des matières premières pour les industries agroalimentaires ; ils allaient aussi permettre aux États de prélever de substantielles taxes sur les exportations agricoles ; le faible coût de l’alimentation devait contribuer à abaisser les coûts salariaux dans les industries ; les maigres revenus agricoles issus des bas prix devaient encourager l’exode rural et l’afflux de main-d’œuvre dans les industries et les services. Ainsi, des transferts de ressources humaines de l’agriculture vers les autres secteurs économiques étaient attendus, et les recettes perdues par les agriculteurs (du fait de la vente de leurs produits à bas prix) étaient censées bénéficier aux consommateurs, au budget de l’État et aux autres secteurs économiques. Mais, avec le temps, il est apparu que ces politiques ont, dans bien des cas, réduit à l’excès la valeur des produits agricoles, appauvri les paysans, bloqué le développement agricole, ce qui a freiné la croissance générale et amplifié l’exode rural au-delà des créations d’emplois dans les autres secteurs, contribuant ainsi à créer un chômage de grande ampleur.

Cela étant, certains gouvernements de pays en développement ont aussi organisé des transferts de ressources en faveur du secteur agricole, afin de stimuler la croissance de la production. En particulier, du milieu des années 1960 au début des années 1980, ceux qui ont promu la révolution verte (Inde, Indonésie, Thaïlande, Philippines...) ont subventionné les semences de variétés à haut potentiel de rendement, les engrais minéraux, les pesticides et certains équipements comme les motoculteurs, les motopompes, les puits. Ils ont aussi mis en place des crédits à taux d’intérêt réduit pour favoriser l’achat de ces moyens de production. Ils ont souvent garanti aux producteurs l’achat de leurs récoltes à des prix assez rémunérateurs, fixés à l’avance, et instauré des taxes sur les importations de denrées vivrières de base. Et ces gouvernements ont largement pris en charge les coûts très élevés des infrastructures – de transport, d’irrigation le cas échéant –, de la recherche agronomique et de la vulgarisation. Il s’est[...]

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Écrit par

  • : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)

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Médias

Signature des derniers accords du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) à Marrakech - crédits : Jacques Langevin/ Sygma/ Getty Images

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Manifestation à Seattle (États-Unis), en 1999, contre la reprise des négociations internationales à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) - crédits : Daniel Sheehan/ Liaison Agency/ Newsmakers/ Getty Images

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