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AGRICULTURE Politiques agricoles et négociations internationales

La remise en cause des politiques agricoles et alimentaires dans les années 1980

Toutes ces politiques ont commencé à être remises en cause au début des années 1980. Dans les pays en développement, la crise de la dette a conduit les gouvernements à réduire très fortement leurs dépenses et à redéfinir leurs politiques, en particulier agricoles, en relation avec les institutions financières internationales (Fonds monétaire international, Banque mondiale, banques régionales de développement) qui jouaient un rôle de prêteur en dernier ressort. Ces institutions ont généralement recommandé de réduire les dépenses publiques agricoles, de dévaluer la monnaie et de laisser les prix des produits agricoles s’établir à des niveaux proches des cours internationaux.

Partant, l’effondrement de la demande dans les pays en développement, conjugué d’une part à l’instauration de politiques de rigueur et de réduction des dépenses dans les pays développés, et d’autre part à l’émergence de nouveaux pays exportateurs de matières premières agricoles, a entraîné une accumulation d’excédents agricoles et une forte baisse des prix internationaux. Ainsi, les années 1980 ont été marquées par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Communauté européenne pour gagner des marchés agricoles à l’exportation, par l’augmentation considérable des coûts de stockage et des subventions à l’exportation, par la stagnation des revenus agricoles en Europe et par de nombreuses faillites d’exploitations aux États-Unis.

Parallèlement, dans les pays développés, les inconvénients des politiques agricoles dites productivistes se sont fait sentir : élimination par l’appauvrissement de la majorité des exploitations ; dégradation des conditions de vie et dépeuplement dans les régions défavorisées ; atteinte à l’environnement et à la qualité des produits, etc. Cela a conduit, en Europe du moins, à l’affirmation plus forte de certaines attentes des sociétés vis-à-vis de leurs agricultures : qualité et sécurité des aliments et de l’environnement ; maintien de l’emploi et d’une vie sociale acceptable en milieu rural.

Par ailleurs, à partir du début des années 1980, la pensée économique libérale est redevenue dominante à l’échelle internationale, à la suite de l’échec relatif des politiques économiques visant à relancer la croissance dans les pays développés et aux difficultés importantes apparues dans les pays d’économie planifiée (URSS, pays d’Europe de l’Est). D’où la remise en cause du rôle de l’État dans l’économie, y compris dans le secteur agricole, et les références rituelles au libre fonctionnement des marchés, à la libre entreprise, à la libre concurrence et à la spécialisation de chaque pays en fonction de ses « avantages comparatifs » (c’est-à-dire dans les productions pour lesquelles sa productivité est la plus forte, ou la moins faible, par comparaison avec la productivité de ses partenaires commerciaux).

Pour toutes ces raisons, les pouvoirs politiques des États-Unis et de la Communauté européenne ont décidé d’engager des négociations sur le commerce international et sur les politiques agricoles : ils ont choisi pour cela le cadre de l’accord du GATT.

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Écrit par

  • : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)

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Signature des derniers accords du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) à Marrakech - crédits : Jacques Langevin/ Sygma/ Getty Images

Signature des derniers accords du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) à Marrakech

Manifestation à Seattle (États-Unis), en 1999, contre la reprise des négociations internationales à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) - crédits : Daniel Sheehan/ Liaison Agency/ Newsmakers/ Getty Images

Manifestation à Seattle (États-Unis), en 1999, contre la reprise des négociations internationales à l’OMC (Organisation mondiale du commerce)

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