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AGRICULTURE URBAINE

Jardins potagers sur les toits à Boston (États-Unis) - crédits : Brian Crawford/ Flickr ; CC-BY 2.0

Jardins potagers sur les toits à Boston (États-Unis)

L’expression « agriculture urbaine », qui était devenue un oxymore dans les pays industrialisés avec la disparition progressive au cours du xxe siècle des ceintures maraîchères entourant les villes, a retrouvé du sens. En effet, dans un contexte d’étalement urbain (urbansprawl) et de métropolisation croissante de la planète, on assiste désormais à une renaissance de ces activités agricoles sous des formes très diverses, depuis les plus traditionnelles jusqu’aux plus modernes. Celles-ci sont même appelées à jouer un rôle croissant dans les développements et le fonctionnement des aires métropolitaines.

L’agriculture urbaine ne se limite pas à celle qui est pratiquée à l’intérieur même de la ville dense – où la très grande majorité de la superficie est occupée par des espaces bâtis et des infrastructures de circulation –, elle désigne également les activités agricoles présentes dans les formes d’urbanisation plus diffuses que sont les aires périurbaines. Leur point commun tient aux liens fonctionnels étroits et réciproques qui se maintiennent ou se renouent entre une ville, les zones de production agricole et les campagnes proches dans un contexte de développement durable. Dans ces espaces, les produits et services fournis sont principalement destinés aux villes et non à des marchés nationaux ou internationaux. Ils remplissent des fonctions non seulement alimentaires mais également sociales, économiques, paysagères, récréatives. Ainsi, outre sa localisation géographique, le caractère urbain d’une agriculture se définit par les fonctionnalités apportées à la ville et par son intégration dans des projets d’agglomération urbaine. Devant une telle multiplicité de formes, de fonctions et de finalités, il paraît donc plus pertinent de parler d’agricultures urbaines au pluriel.

Les moteurs du retour des agricultures urbaines

La renaissance des agricultures urbaines répond à de nouvelles demandes citadines. Celles-ci ne portent pas seulement sur des denrées alimentaires particulières, tels les produits dits biologiques ou « bio », mais aussi sur un large éventail de services. Les aménageurs des espaces urbanisés se trouvent ainsi amenés à prendre de plus en plus en considération ces diverses aspirations et, donc, à intégrer à l’intérieur des aires urbaines des zones d’activités agricoles.

De nouvelles demandes citadines

Le modèle alimentaire français, que l’on retrouve avec des nuances plus ou moins sensibles dans la plupart des pays industrialisés, a été globalement marqué par un ensemble d’évolutions comparables depuis les années 1990. Les principales sont liées au développement de certains comportements alimentaires : le flexitarisme, qui se traduit par une réduction volontaire de la consommation de viande rouge, et le végétarisme, qui exclut toute chair animale ; la consommation de produits issus de l’agriculture biologique ; le locavorisme, privilégiant l’achat de produits cultivés localement.

En France, en 2008, plus des deux tiers des habitants se disaient prêts à payer plus cher les produits obtenus sur le territoire national même si l’on a pu avancer que ce n’était pas le cas pour les catégories les plus défavorisées de la population. Toutes ces tendances sont ainsi apparues plus marquées dans les aires métropolitaines où les populations disposent majoritairement de revenus plus élevés. Une étude, réalisée en 2017 et portant sur la consommation alimentaire des populations résidant en Île-de-France, a montré que les fruits et légumes occupaient de plus en plus de place dans leurs comportements alimentaires.

Parallèlement, les demandes citadines adressées à l’agriculture ne portent plus seulement, comme jadis, sur des denrées alimentaires. Elles se sont très largement diversifiées et désormais étendues à des domaines très variés, reliés plus ou moins directement à la notion[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
  • : membre de l'Académie d'agriculture de France

Classification

Médias

Jardins potagers sur les toits à Boston (États-Unis) - crédits : Brian Crawford/ Flickr ; CC-BY 2.0

Jardins potagers sur les toits à Boston (États-Unis)

Cueillette à la ferme - crédits : Les Fermes de Gally

Cueillette à la ferme

Cultures hydroponiques - crédits : Jonathan Wong/ South China Morning Post/ Getty Images

Cultures hydroponiques

Autres références

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    ...bien qu’on a longtemps pu assimiler espace rural et espace agricole. Malgré la renaissance, dès les années 1990 et surtout depuis les années 2000, d’agricultures « urbaines » dans les pays riches et l’existence de productions alimentaires relativement importantes dans bien des villes de pays en développement,...
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    ...France, la moitié environ des terres périurbaines sont consacrées à l'agriculture et à la forêt. Le rôle de l'agriculture périurbaine a, de longue date, consisté à satisfaire les besoins alimentaires de la ville voisine. Or l'évolution socio-économique récente a profondément transformé ces rapports traditionnels....