- 1. Les moteurs du retour des agricultures urbaines
- 2. Émergence de nouvelles formes d’agricultures urbaines
- 3. Principaux fondements de la diversité des agricultures urbaines
- 4. Les agricultures urbaines et l’autonomie alimentaire de la ville
- 5. Les défis des agricultures urbaines
- 6. Exemples de reconnexions de métropoles à leurs campagnes proches
- 7. Quel avenir pour les agricultures urbaines ?
- 8. Bibliographie
AGRICULTURE URBAINE
Principaux fondements de la diversité des agricultures urbaines
On peut classer les agricultures urbaines selon différents critères (techniques, sociaux, économiques, environnementaux…) susceptibles d’ailleurs de se recouvrir.
Les techniques de production
Même s’il s’agit de produire le plus possible sur des superficies limitées, bien des agricultures urbaines dans le monde reposent encore sur des techniques traditionnelles de maraîchage, avec souvent un recours à l’irrigation, ou sur des cultures de légumes de plein champ, le plus souvent non irriguées, conduites de façon également classique. Elles intègrent toutefois de plus en plus souvent les pratiques culturales de l’agriculture « raisonnée » – qui réduit les apports d’intrants – ou de l’agriculture biologique – qui en exclut l’usage. À ces modes de production dits « low-tech » – reposant sur des savoir-faire traditionnels –s’opposent désormais des techniques« high-tech » – mobilisant des technologies de pointe –, de plus en plus sophistiquées et qui utilisent très peu d’espace ( serres urbaines implantées en ville, voire intégrées dans des bâtis urbains, sur les toits d’immeuble par exemple). Conduites en milieux clos et en atmosphère contrôlée, ces agricultures font appel à l’hydroponie – les plantes, cultivées sur des milieux inertes et non plus des sols, sont nourries par l’apport de solutions nutritives –, à l’aquaponie – qui associe cultures et pisciculture, les déjections des poissons apportant les nutriments nécessaires aux plantes –, voire à l’aéroponie – les plantes étant en partie nourries par la vaporisation de brouillards de solutions nutritives.
Les implications sociales
Dans le domaine social, les agricultures urbaines ont pour objectif d’établir ou de recréer des relations entre citadins et agriculteurs, sous des formes très diverses. Dans les espaces délaissés dans et autour de bien des villes, il n’est pas rare que des jardins illégaux aient été installés comme autour de Barcelone en Espagne ou de Meknès au Maroc. Toutefois, dans la grande majorité des cas, il s’agit d’installations tout à fait légales qui peuvent être le fait de « néopaysans » urbains comme d’agriculteurs issus de familles paysannes. Ces exploitations couvrent selon les cas des superficies plus ou moins importantes et les liens qu’elles créent peuvent s’étendre jusque dans des domaines ludiques ou éducatifs (fermes pédagogiques, par exemple). Les agricultures urbaines peuvent aussi comporter des objectifs de réinsertion sociale. C’est le cas de la ferme « Le paysan urbain » à Romainville, en région parisienne (Seine-Saint-Denis), ou de structures similaires dans des villes nord-américaines comme Detroit.
Des enjeux économiques
Sur le plan économique, les agricultures urbaines impliquent des formes de commercialisation originales et des investissements importants en travail et souvent en capital. Ces derniers peuvent être de type conventionnel ou de type start-up– faisantappelàducapital-risqueextérieuraumondeagricole.Localement, des apports de financement relevant de l’économie sociale ou solidaire jouent également un rôle majeur. Les pouvoirs publics peuvent aussi intervenir pour favoriser le développement de la fonction nourricière de la ville. Les filières de commercialisation retenues – qui peuvent d’ailleurs se combiner pour une même exploitation – vont de la vente directe sur le site de l’exploitation aux circuits de commercialisation privés ou associatifs comme les AMAP (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne). On assiste par ailleurs à une pénétration de la grande distribution dans le domaine des circuits courts, comme le montrent les magasins O’tera qui se sont d’abord développés dans le nord de la France.
Les implications territoriales et environnementales
Un point[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
- Xavier LAUREAU : membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
Autres références
-
ESPACE RURAL
- Écrit par Jean-Paul CHARVET
- 7 337 mots
- 8 médias
...bien qu’on a longtemps pu assimiler espace rural et espace agricole. Malgré la renaissance, dès les années 1990 et surtout depuis les années 2000, d’agricultures « urbaines » dans les pays riches et l’existence de productions alimentaires relativement importantes dans bien des villes de pays en développement,... -
PÉRIURBANISATION
- Écrit par Estelle DUCOM
- 4 460 mots
- 2 médias
...France, la moitié environ des terres périurbaines sont consacrées à l'agriculture et à la forêt. Le rôle de l'agriculture périurbaine a, de longue date, consisté à satisfaire les besoins alimentaires de la ville voisine. Or l'évolution socio-économique récente a profondément transformé ces rapports traditionnels....