- 1. Les moteurs du retour des agricultures urbaines
- 2. Émergence de nouvelles formes d’agricultures urbaines
- 3. Principaux fondements de la diversité des agricultures urbaines
- 4. Les agricultures urbaines et l’autonomie alimentaire de la ville
- 5. Les défis des agricultures urbaines
- 6. Exemples de reconnexions de métropoles à leurs campagnes proches
- 7. Quel avenir pour les agricultures urbaines ?
- 8. Bibliographie
AGRICULTURE URBAINE
Les défis des agricultures urbaines
Sur le plan social et sociopolitique, l’évolution des métropoles vers des complexes « agri-urbains » est le plus souvent fondée sur des schémas d’organisation tripolaires associant populations de la société civile (habitants-consommateurs, citoyens-électeurs, membres d’associations…), représentants des pouvoirs publics (à différents niveaux géographiques et institutionnels) et monde agricole.
L’accompagnement des agricultures urbaines dans la durée par les populations et les pouvoirs publics constitue une condition incontournable pour garantir aux agriculteurs la protection du foncier agricole qui est indispensable au succès de leurs entreprises et à la rentabilisation des investissements productifs (à moyen terme et à long terme). De fait, la métropolisation de la planète, qui s’accroît parallèlement à la mondialisation des échanges, entraîne sur tous les continents des étalements urbains qui consomment des millions d’hectares de terres agricoles chaque année. En France, où ce phénomène est de plus en plus contrôlé, la consommation de terres agricoles par l’urbanisation se poursuit à un rythme d’environ 50 000 hectares par an. Dans ce contexte de densification de l’espace urbain, l’utilisation des terres à des fins agricoles se trouve en concurrence avec les autres usages de cet espace. La hausse du prix de la terre traduit cette compétition entre usages agricoles et non agricoles.
Quel type d’activité correspond à une activité professionnelle d’agriculteur, à une activité récréative ou encore à une activité seulement sociale et citoyenne ? La réponse à cette question détermine le régime social dans lequel les entreprises peuvent être immatriculées. En France l’activité de production agricole est nécessaire pour bénéficier de la Mutualité sociale agricole et du régime fiscal correspondant. Se pose toutefois la question de savoir si la location d’un ou de plusieurs étages de parking afin de produire des salades relève de la location d’un immeuble urbain ou du statut du fermage. On peut aussi se demander sous quelles conditions la dotation jeune agriculteur (DJA) peut être attribuée à un jeune agriculteur urbain.
Pour les entreprises en création, les questions de financement des investissements indispensables à l’activité et d’expertise de la rentabilisation de ceux-ci – au regard des aides dont elles peuvent bénéficier – constituent des défis majeurs. De fait, on assiste aux premières faillites d’entreprises agricoles urbaines – ainsi, en 2018, celle d’Urban Farmers, installée à La Haye (Pays-Bas) sur le toit d’un immeuble –, le taux de survie des fermes urbaines high-tech, cinq ans après leur création, n’étant estimé qu’à 30 p. 100.
La question des qualités requises pour la réussite de tels projets est donc prégnante. L’agriculteur urbain professionnel doit être à la fois un polytechnicien au sens premier de ce terme – c’est-à-dire maîtrisant des techniques et des connaissances scientifiques diverses – et un entrepreneur. À ces compétences dans les domaines de l’agronomie et des techniques de production de plus en plus pointues doivent donc s’ajouter des capacités à s’adapter aux contraintes multiples des problèmes d’aménagement, à coopérer avec divers acteurs économiques et à écouler ses produits dans les meilleures conditions, ce qui implique une formation relativement longue. Dans le cadre de la mise en place de programmes alimentaires territoriaux dans certaines villes françaises (Nantes, Lyon…), cette dimension a été prise en compte et des formations spécifiques aux agricultures urbaines ont vu le jour.
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
- Xavier LAUREAU : membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
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