- 1. Les moteurs du retour des agricultures urbaines
- 2. Émergence de nouvelles formes d’agricultures urbaines
- 3. Principaux fondements de la diversité des agricultures urbaines
- 4. Les agricultures urbaines et l’autonomie alimentaire de la ville
- 5. Les défis des agricultures urbaines
- 6. Exemples de reconnexions de métropoles à leurs campagnes proches
- 7. Quel avenir pour les agricultures urbaines ?
- 8. Bibliographie
AGRICULTURE URBAINE
Exemples de reconnexions de métropoles à leurs campagnes proches
Les initiatives sont nombreuses pour tenter de ressusciter, au moins ponctuellement et partiellement, le modèle de localisation des productions agricoles en fonction d’une ville-marché, établi par l’Allemand Johann Heinrich von Thünen (1783-1850) dans la première moitié du xixe siècle, époque où les villes étaient souvent entourées de ceintures maraîchères. Ces initiatives reposent le plus souvent sur de nouvelles logiques d’aménagement fondées sur les notions de proximité géographique et sociale.
On peut répartir les initiatives en trois grands groupes selon l’origine des démarches qui les ont impulsées. Le premier concerne celles parties de la « base » (les producteurs), selon un processus dit ascendant (bottom up).Ce fut le cas en Argentine, autour de Buenos Aires, ou encore au Canada, à Toronto. Dans le premier pays cité, ce sont des migrants italiens puis boliviens qui ont été à l’origine de l’essor des cultures maraîchères périurbaines, ce qui permet d’expliquer encore aujourd’hui la structuration particulière de la commercialisation locale dans laquelle les Boliviens sont très présents. À Toronto, différents projets partis de la base ont été repris au niveau de la municipalité (par le comité municipal des parcs et de l’environnement). Dans ce contexte, un plan d’action pour le développement de l’agriculture urbaine (GrowTO, anurbanagricultureactionplanforToronto) et un réseau des producteurs agricoles urbains (Toronto Urbans Growers) ont été créés et développés.
Le deuxième groupe rassemble les initiatives issues des autorités métropolitaines, selon un processus dit descendant (top down).En plein cœurde l’aire métropolitaine de laRuhr, vieille région industrielle allemande fondée sur l’extraction du charbon et les industries lourdes, 145 000 hectares de terres agricoles ont été protégés dans le cadre d’un parc agricole, l’Emscher Landschaftspark,créé en 1989. L’entretien des paysages repose sur plus de 3 500 exploitations agricoles et horticoles qui profitent de la proximité d’un marché de plus de cinq millions de citadins. En Chine, dans l’aire métropolitaine de Shanghai, qui rassemble plus de 24 millions d’habitants, la gouvernance alimentaire et agricole est gérée au niveau de l’ensemble de la métropole par une « commission agricole municipale » qui a établi plusieurs plans quinquennaux successifs. Cette dernière a délimité des zones pour différentes productions agricoles, qui s’étendent au total sur quelque 400 000 hectares, et une douzaine de « parcs agricoles » ayant des fonctions de recherche, de démonstration et de vitrine tels ceux de Minhang ou de Sunqiao. Ainsi, les activités de production agricole se trouvent intégrées à celles de la recherche de haut niveau, des industries agroalimentaires ou des « terroirs » agrotouristiques.
Les initiatives réunies dans le troisième groupe relèvent de la rencontre d’actions menées par les « citoyens-consommateurs-citadins » et les autorités politico-administratives métropolitaines. Ce sont les plus nombreuses. Elles ont été mises notamment en œuvre en Italie (Turin, Milan), en Amérique du Nord (Vancouver, Montréal, Chicago, New York, Detroit…), en Suisse (Genève), en France (Rennes, Nantes, Lyon, Île-de-France…).
En Italie, c’est à Milan que le premier parc agricole urbain a vu le jour en 1990, puis d’autres métropoles ont suivi. Mais l’agglomération milanaise est surtout connue pour la signature, en 2015, d’un « pacte de politique alimentaire urbaine ». Elle renferme plus de 65 000 hectares de terres agricoles. Une de ses originalités est la place importante tenue par les activités d’élevage, point commun avec Shanghai. À côté d’un parc rizicole (Parco delle Risaie) existent de nombreux jardins communautaires ainsi que des exploitations qui[...]
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
- Xavier LAUREAU : membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
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