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AGRIPPINE LA JEUNE (16-59)

Vouée à l'exécration par les historiens latins, en particulier par Tacite et par Suétone, Agrippine la Jeune ne ressemblait guère à sa mère, l'épouse de Germanicus. Mais il ne suffit pas de la juger sur ses intrigues et sur ses crimes ; il convient de la replacer dans l'histoire de son temps, histoire difficile où le salut de l'Empire romain reposait souvent entre les mains de quelques personnes. Agrippine n'eut qu'une seule ambition, voir son fils Néron, qu'elle avait eu d'un premier mariage avec Domitius Ahenobarbus, monter sur le trône impérial. Fine politique, elle savait que les droits de Néron à la succession impériale étaient réels : n'était-il pas l'arrière-petit-fils d'Auguste ? Aussi la vie publique et privée d'Agrippine fut-elle guidée par l'ambition exclusive de rapprocher, étape par étape, Néron des marches du trône. Première étape : elle divorce de Domitius Ahenobarbus, fait assassiner son second époux afin de se rendre libre pour épouser, après l'assassinat de l'impératrice Messaline, l'empereur Claude, dont elle est la nièce. Deuxième étape : avec l'appui de quelques affranchis impériaux, dont le redoutable Pallas, son amant, elle réussit, à force de patience, de ruse et de traîtrise, à faire adopter Néron par l'empereur Claude qui, pourtant, avait un fils, Britannicus. Troisième étape : elle fait empoisonner Claude, dernier obstacle à la réalisation de ses desseins. Celle que Néron avait surnommée la « meilleure des mères » avait réussi. Néron fut intronisé empereur en 54. Mais l'autorité abusive d'Agrippine, dont l'exemple lui avait appris que le crime paie, finit par le lasser. En 59, il la fait assassiner. Au centurion qui s'approchait d'elle, le poignard à la main, Agrippine cria : « Frappe au ventre », ce ventre qui avait conçu un fils dénaturé, le dernier empereur de la dynastie julio-claudienne.

— Joël SCHMIDT

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

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