AGROMÉTÉOROLOGIE
Les impacts prévisibles des scénarios de changements climatiques sur la production agricole
L' évaluation de l'impact d'un changement climatique sur l'agriculture et la sylviculture est un problème complexe à appréhender, pour lequel les perspectives de recherche sont encore nombreuses aujourd'hui.
Des progrès restent à faire dans l'analyse des informations sur les écosystèmes, et dans la compréhension de l'impact du climat sur la couverture végétale. De même, les modèles de circulation générale de l'atmosphère (modèles à l'échelle du globe), qui sont des outils indispensables pour l'étude de l'évolution du climat, s'améliorent peu à peu, au fur et à mesure de l'avancement de la recherche dans ce domaine. L'utilisation de scénarios régionalisés de l'évolution du climat est préconisée par le G.I.E.C. (Groupement intergouvernemental pour les changements climatiques), afin de mieux simuler les changements climatiques aux échelles régionale ou locale, par exemple pour les différentes régions de la France. L'évaluation de l'impact des changements climatiques sur l'agriculture nécessite également que les couplages entre les modèles agronomiques, épidémiologiques et climatiques soient généralisés. Il faut aussi souligner la nécessité de bien insérer cette problématique dans son contexte économique, un déterminant majeur des équilibres et des échanges agricoles au niveau mondial. Ce contexte économique est lui-même dépendant de l'évolution du climat, via notamment l'évolution des ressources en eau disponibles, un facteur essentiel de régularité de la production des cultures les plus sensibles à l'eau. L'anticipation de la réponse des cultures à un changement climatique constitue donc une priorité pour adapter le choix des espèces cultivées, garant de bons rendements, et prévenir les impacts négatifs, par des pratiques de gestion et d'aménagements appropriées.
Si les différentes études montrent encore de nombreuses incertitudes, liées souvent aux hypothèses faites sur l'adaptation des cultures au nouveau climat, ou à l'impact du changement climatique sur les maladies des plantes, la communauté scientifique s'accorde toutefois à anticiper un avantage compétitif pour les régions tempérées du globe, par rapport aux régions tropicales et équatoriales (où les productions végétales sont déjà à leur optimum thermique), et pour les cultures dites en C3 (blé, orge et autres cultures tempérées), par rapport aux plantes en C4 (plantes ayant pour la plupart une origine tropicale, comme le maïs, la canne à sucre, le sorgho ou le millet). En effet, les plantes en C3 (plantes qui, par photosynthèse, fixent le dioxyde de carbone [CO2]en formant un composé à trois atomes de carbone) auront la capacité de mieux valoriser la hausse de la concentration de CO2 à travers leur cycle photosynthétique, les plantes en C4 étant déjà, dans le climat actuel, plus proches de leur optimum de fonctionnement. Enfin, les productions ayant de faibles besoins en eau (le sorgho par exemple) présenteront, de manière certaine, un intérêt accru à l'avenir.
Les différentes études réalisées suggèrent que le changement climatique pourrait globalement, en Europe, augmenter la productivité des agrosystèmes et des forêts, grâce en particulier à l'effet direct du CO2 sur les végétaux. Dans ces régions, des rendements de productions agricoles telles que le blé, l'orge ou les plantes fourragères pourraient augmenter de manière appréciable. De plus, le réchauffement moyen permettra l'extension vers le nord de l'Europe de certaines cultures. Pour les céréales, un réchauffement de 3 0C pourrait se traduire par un déplacement de cinq cents kilomètres vers le nord des zones de culture. Dans le futur, il sera[...]
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Écrit par
- Emmanuel CHOISNEL : ingénieur diplômé de l'École polytechnique, ingénieur civil de la météorologie, responsable du département coordination régionale à Météo France
- Emmanuel CLOPPET : ingénieur des Ponts et Chaussées, responsable de la division d'agro-météorologie, Météo France
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