AGRONOMIE
Le mot agronomie, qui dérive des deux racines grecques agros : « champ », et nomos : « loi », peut désigner, dans l'usage courant, une partie ou la totalité des sciences appliquées à l'agriculture.
Historiquement, en effet, ce sont des chimistes qui ont apporté les éléments d'interprétation les plus importants à l'agriculture, et les premiers laboratoires mis à la disposition des praticiens se sont appelés « stations agronomiques ». Actuellement encore, dans le département d'agronomie de l'I.N.R.A., des chercheurs s'efforcent de déterminer les relations entre la croissance des plantes, la qualité des récoltes d'une part, la nature et les propriétés des sols et des climats d'autre part.
Mais le mot est aussi utilisé dans son sens général ; c'est ainsi que l'organisme qui regroupe en France l'ensemble des recherches concernant l'agriculture s'intitule Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.), l'éventail des thèmes s'étendant des sciences physiques et chimiques aux sciences humaines (économie, sociologie...). De même, l'Institut national agronomique Paris-Grignon (I.N.A. P.-G.) forme des ingénieurs agronomes, c'est-à-dire des ingénieurs versés dans les sciences, les techniques intéressant l'agriculture, la transformation de ses productions et les situations socio-économiques qui en résultent.
Cette ambiguïté rend évidemment difficile la compréhension des textes pour les non-spécialistes, et cela d'autant plus que certains auteurs tendent à restreindre ou à étendre le sens du terme dans leurs écrits. C'est ainsi que, voici deux siècles, Thaër proposait déjà de restreindre l'usage du mot à l'étude des terrains, ce à quoi s'opposait Gasparin, suggérant pour ce même objet le mot « agrologie », d'autres auteurs envisageant l'emploi des mots « géonomie » et « géognosie ». Néanmoins, quand le terme agronomie est employé au sens strict, l'accord existe entre les spécialistes pour désigner par là le fonctionnement des peuplements végétaux cultivés et des systèmes de culture au sein des unités de production agricoles et des territoires ; l'agronomie permet de raisonner d'une manière générale les techniques agricoles telles que le travail du sol, la fertilisation, la lutte contre les ennemis des cultures (avec, entre autres, la destruction des plantes adventices), la taille des arbres fruitiers, etc., en un mot, et dans le cadre des potentialités agronomiques, la conduite des cultures et la gestion de la fertilité du milieu écologique par les agriculteurs.
Aujourd'hui, au côté de l'agronomie figure l'« amélioration des plantes » qui crée des variétés nouvelles adaptées aux diverses exigences de l'agriculture et aux techniques culturales existantes. On regroupe sous le nom de phytotechnie l'ensemble des connaissances concernant chaque espèce cultivée, qu'elles dérivent de l'agronomie, de la botanique, de la génétique, etc., et qui, en principe, en permet la culture. Il convient d'ajouter à la phytotechnie la physiologie végétale, les études concernant les parasites des plantes relevant de la zoologie agricole et de la phytopathologie et de la virologie. Les études concernant le climat ont été longtemps abordées par les agronomes mais font l'objet maintenant d'une discipline spéciale, la bioclimatologie, qui étudie les réactions (croissance, développement) des plantes sous l'influence du climat.
À titre indicatif, le champ de l'agronomie au sens large comprend encore différentes disciplines : la zootechnie ou étude des productions animales (dont la structure est assez comparable à la phytotechnie), qui est complétée par une génétique animale, et un art vétérinaire) ; l'économie et la sociologie (qui perdent de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Stéphane HÉNIN : directeur de recherche honoraire à l'Institut national de la recherche agronomique
- Michel SEBILLOTTE : professeur émérite de AgroParisTech (ex. I.N.A.-P.G.), ancien directeur scientifique de l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académie d'agriculture
Classification
Média
Autres références
-
ADVENTICES
- Écrit par Marcel BOURNÉRIAS
- 804 mots
Étymologiquement, une plante qui s'ajoute à un peuplement végétal auquel elle est initialement étrangère est une plante adventice (lat. adventicium, supplémentaire). On distingue les adventices réellement étrangères (exotiques), spontanées dans des régions éloignées (érigéron du Canada),...
-
AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle
- Écrit par Marcel MAZOYER et Laurence ROUDART
- 6 086 mots
- 2 médias
Analyser une agriculture en termes de système agraire, c'est d'abord la considérer comme une entité écologique et sociale organisée, composée d'un écosystème exploité et du système économique et social qui exploite celui-ci et le reproduit. C'est ensuite appréhender les caractères essentiels de structure... -
AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation
- Écrit par François PAPY
- 7 421 mots
- 3 médias
La sélection végétale débute vers la fin du xixe siècle dans toute l'Europe. À cette époque, en France, Vilmorin repère les meilleurs blés et entreprend des croisements pour créer de nouvelles variétés à haut rendement. Pour les principales espèces cultivées ce sera, pendant longtemps, l'objectif... -
AGRICULTURE BIOLOGIQUE
- Écrit par Céline CRESSON , Claire LAMINE et Servane PENVERN
- 7 882 mots
- 6 médias
...par l’émergence de réseaux plus « techniques » et à vocation commerciale. C’est le cas par exemple du réseau Lemaire-Boucher porté par deux spécialistes : Raoul Lemaire (1884-1972), expert en farines et pains biologiques, et Jean Boucher (1915-2009),agronome expert en fertilisants à base d’algues. - Afficher les 45 références