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AGRONOMIE

Les institutions

La recherche et l'enseignement français

À mesure que croissait l'intérêt pour l'agriculture, il a fallu créer des organismes susceptibles d'effectuer les recherches nécessaires à son développement et d'en diffuser les résultats. Dès la seconde moitié du xviiie siècle, des sociétés d'agriculture ont été créées en France, et elles ont agi comme organismes de conseil et de recherche, assurant ainsi la diffusion de nouvelles techniques. Elles ont servi aussi de lieu de réflexions, et la plus ancienne d'entre elles subsiste toujours ; elle a été transformée en 1917 en Académie d'agriculture. L'action des sociétés d'agriculture a créé un mouvement d'opinion, et l'Assemblée constituante, puis la Convention ont décidé d'instituer un enseignement agricole en France.

En fait, lors de la création de l'École vétérinaire d'Alfort (1790), il y avait déjà dans cet établissement une chaire d'économie rurale occupée par Daubenton. Cette chaire était appelée couramment École d'agriculture, et Yvart fut chargé d'y donner un enseignement. Mais c'est en 1820 que Mathieu de Dombasle, établi à Roville, près de Nancy, crée la première école d'agriculture. Celle-ci, malheureusement, disparaîtra en 1847. En 1826, Auguste Bella fonde l'école de Grignon ; en 1842, Riffel celle de Grandjouan qui deviendra ultérieurement, après son transfert, l'école de Rennes ; et en 1840 se crée à La Saussaie, dans l'Ain, une troisième école qui sera par la suite réinstallée à Montpellier. En 1848, un décret organise l'enseignement agricole français en y instituant trois degrés : les fermes-écoles pour la formation des petits et moyens exploitants, les écoles régionales que nous venons d'énumérer donnant une instruction déjà élevée et, enfin, un Institut national agronomique installé à Versailles. Cet enseignement supérieur jugé, entre autres, trop théorique fut supprimé en 1852, et l'école ne sera rouverte, à Paris, qu'en 1876. À côté de cet effort du ministère de l'Agriculture, un cours fut créé au Conservatoire des arts et métiers à Paris, en 1836.

Cet enseignement agricole a été complété par la création de l'École d'horticulture de Versailles en 1873, et l'École nationale des industries agricoles fondée à Douai en 1893.

Deux écoles d'application, l'une pour les eaux et forêts, à Nancy, et l'autre pour le génie rural, à Paris, venaient couronner cet ensemble, les élèves de ces écoles étant recrutés à l'Institut national agronomique ou à l'École polytechnique. Enfin, un enseignement spécifique était institué pour former les futurs professeurs départementaux d'agriculture devenus par la suite ingénieurs des services agricoles.

Parallèlement, l'Université créait dans différentes facultés de province des certificats appliqués à l'agriculture, la chimie ou la botanique agricole, et fondait au sein des universités de Nancy, en 1901, et de Toulouse, en 1909, deux instituts agricoles. Cette structure a subsisté dans ses grandes lignes jusque dans les années 1960. S'y ajoutaient les écoles d'agriculture d'Alger et de Tunis, une école d'agriculture tropicale à Nogent, des instituts privés à Angers, Beauvais et Purpan (Toulouse).

Les fermes-écoles sont devenues des écoles pratiques d'agriculture, puis sont intégrées dans un programme général de formation secondaire, en tant que collèges et lycées agricoles. Jusqu'à la fin des années 1980, les écoles de Rennes (anciennement Grandjouan) et de Montpellier (anciennement La Saussaie) et l'Institut national agronomique Paris-Grignon ont formé des ingénieurs agronomes. Leur nom général était École nationale supérieure agronomique, auquel s'associait la localisation de l'établissement.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire à l'Institut national de la recherche agronomique
  • : professeur émérite de AgroParisTech (ex. I.N.A.-P.G.), ancien directeur scientifique de l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académie d'agriculture

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Justus von Liebig - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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