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AGRONOMIE

Les préoccupations futures de l'agronome

En définitive, l'agronomie apparaît, aussi bien au sens restreint qu'au sens large du terme, comme la science d'un ensemble extrêmement complexe de phénomènes liés entre eux et dont l'extériorisation, au niveau du champ et de l'unité de production agricole, est, en général, sous la dépendance du climat, c'est-à-dire d'un facteur aléatoire.

Les efforts des agronomes seront orientés, à l'avenir, par les préoccupations majeures des sociétés qui s'imposeront souvent face à celles des agriculteurs. Ces derniers resteront le plus fréquemment marqués par la nécessité de produire de manière rentable dans des contextes économiques variés. Ainsi, la première tâche des agronomes restera de fixer aussi précisément que possible les niveaux d'intensification des cultures et de contrôle du milieu naturel pour le préserver. Cela ne sera possible que par une meilleure connaissance du fonctionnement du champ cultivé et des systèmes de culture afin de pouvoir utiliser au mieux, à tout instant, les ressources disponibles. Pour cela, les agronomes devront forger des outils de diagnostics et des références pour l'action, références qui se présenteront de plus en plus comme des fragments de théorie agronomiques avec leurs conditions de mise en application et d'extrapolation. Ces références devront être adaptées à divers choix d'ordre socio-économique pour la conduite des exploitations : il faut abandonner l'idée d'un modèle unique de conduite des productions agricoles. Mais plus encore, ce sont les grandes orientations de développement qui fixeront la place et les fonctions des agricultures et donc orienteront les travaux des agronomes. Parmi ceux-ci, la préservation de l'environnement, le maintien de la biodiversité, l'entretien des paysages auront une place grandissante, pièces évidentes d'un développement durable. La deuxième tâche des agronomes sera donc d'intervenir dans des équipes pluridisciplinaires, seules capables d'assurer aux territoires ce développement durable qui devra associer l'économie, le social et l'environnement.

On verra probablement dans l'avenir les agronomes au sens strict se diviser en plusieurs groupes : certains aborderont les problèmes de la parcelle cultivée et de l'agriculteur dans sa conduite des systèmes de cultures ; d'autres travailleront de manière globale, au niveau des territoires. Les premiers devront toujours plus se spécialiser, tandis que les seconds devront être capables de travailler en équipes pluridisciplinaires, avec les différents acteurs économiques. Pour promouvoir le développement durable, les différentes catégories d'agronomes devront travailler ensemble et, paradoxalement, cela exigera des uns et des autres qu'ils consacrent plus d'efforts à la construction de leur discipline, à la réflexion conceptuelle et méthodologique, aux réflexions sur leurs propres pratiques qu'ils soient chercheurs, formateurs ou conseillers et, enfin, au dialogue entre ces différents groupes pour éviter les dérives liées à des démarches trop spécialisées ou trop globales.

— Stéphane HÉNIN

— Michel SEBILLOTTE

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire à l'Institut national de la recherche agronomique
  • : professeur émérite de AgroParisTech (ex. I.N.A.-P.G.), ancien directeur scientifique de l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académie d'agriculture

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Justus von Liebig - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Justus von Liebig

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