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ḤIĞĀZĪ AḤMAD ‘ABD AL-MU‘ṬĪ (1935- )

L'écrivain égyptien Ḥiǧāzī compte parmi les novateurs de la poésie arabe contemporaine. Interdit d'enseignement pour activités politiques dans sa jeunesse, il gagne Le Caire en 1955 et se consacre au journalisme littéraire. Il milite pour le nassérisme jusqu'en 1959, soutient la cause algérienne et les luttes africaines. Il s'installe en 1974 à Paris où il enseigne la littérature arabe.

Ḥiǧāzī fait partie de cette génération qui prend à son compte un mouvement né, après la Seconde Guerre mondiale, en Irak avec Badr Shākir as-Sayyāb et, en Syrie, avec Adonis. Aux côtés de Salāh ‘Abd as-Sabūr, bientôt suivi par ‘Afifi Maṭar et Amal Dunqol, Ḥiǧāzī contribue à faire entrer la poésie arabe en modernité. Fait d'ailleurs peu prévisible. Ce poète est de formation très classique. Il n'a été influencé que par quelques romantiques, tels Maḥmūd Ḥasan Ismā‘īl et Ibrāhīm Nādjī. Sa connaissance des langues étrangères ne lui permettait pas d'être informé des bouleversements du langage poétique. Contrairement à son ami ‘Abd as-Sabūr, et, plus encore, aux poètes de l'école libanaise, c'est sa seule sensibilité qui lui fit percevoir les exigences d'une écriture nouvelle.

Il fit ses premières armes dans le registre politique. Partisan convaincu de l'unité arabe, il chante toutes les causes qui le requièrent, de celle de la Palestine à celle de l'Algérie. Il fait alors vibrer les foules aux accents d'une poésie oratoire. En fait, il s'agit plus d'un engagement existentiel que réellement politique. Non pas que ses choix ne répondent à une conviction, mais ils impliquent fondamentalement des priorités d'existence : amour de la liberté, amour des hommes, prodigieuse énergie mise à vivre, voilà ce qui le lance dans la dénonciation de toute injustice. Et déjà ses premiers poèmes d'amour, ingénument romantiques, ou encore la description d'Une ville sans cœur (1959), prennent des accents nouveaux. L'innocence douloureuse qui est la sienne va trouver son expression. Ḥiǧāzī prend ses distances vis-à-vis de l'immédiat pour entrer en quête d'un imaginaire plus profond. Dans Créatures du royaume de la nuit (1979), la mutation s'accomplit. L'écriture inscrit sa poétique dans les jaillissements d'un désir élargi aux dimensions de l'univers.

— Jamel Eddine BENCHEIKH

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