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IBN ṬŪLŪN AḤMAD (835-884)

Fils d'un esclave turc, Ibn Ṭūlūn parvient, alors qu'il est général dans la garde califale, à s'attribuer le pouvoir en Égypte et en Syrie. Un rapide examen de la situation du califat ‘abbāside à cette époque permet d'expliquer ce succès. L'assassinat d'al-Mutawakkil en 861 amorce la dislocation politique du califat. Si l'anarchie et les troubles qui s'ensuivent expliquent en partie la décadence du pouvoir ‘abbāside, des facteurs plus profonds vont l'accélérer : une grave crise économique et sociale (révolte des Zandj de 868 à 883) ; l'essor du shī‘isme qui mine de l'intérieur l'autorité du califat sunnite ; enfin, diverses révoltes dans les provinces où s'installent des dynasties qui prétendent à une indépendance totale. Ces données expliquent l'accroissement du rôle de l'armée, devenue indispensable et la puissance grandissante de ses chefs qui, en guise de solde, se font conférer par le calife des commandements provinciaux autonomes, disposant ainsi des ressources et de l'administration financière de leur province. C'est ainsi qu'en 868 Ibn Ṭūlūn est envoyé en Égypte où il contrôle progressivement le pouvoir fiscal et militaire avant de s'assurer la direction de l'ensemble du pays. Le pouvoir central, qui connaît une certaine renaissance grâce à l'énergie du régent al-Muwaffaq, tente en vain de réagir : une expédition lancée contre l'Égypte se solde par un échec, ce qui encourage Ibn Ṭūlūn à s'emparer de la Syrie, et ce jusqu'au Taurus. Après de nouvelles tensions entre Baghdād et l'Égypte, al-Muwaffaq se décide à reconnaître de fait le pouvoir d'Ibn Ṭūlūn sur l'Égypte et la Syrie. Après la mort d'Ibn Ṭūlūn en 884, la dynastie qu'il a fondée est rapidement éliminée et, en 905, l'Égypte est à nouveau rattachée au pouvoir califal. La période ṭūlūnide est pour l'Égypte une ère de prospérité et l'une des plus célèbres réalisations d'Ibn Ṭūlūn et de ses successeurs est le quartier neuf d'al-Qaṭā‘i‘ près du Vieux-Caire actuel, avec la mosquée d'Ibn Ṭūlūn.

— Georges BOHAS

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur de l'Institut français d'études arabes de Damas

Classification

Autres références

  • ÉGYPTE - L'Égypte arabe

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    • 8 924 mots
    • 2 médias
    L'Égypte va en retirer, momentanément tout au moins, une existence propre. Un officier turc, Ahmed ibn Tulun, chargé de gouverner la province au nom d'un apanagiste de Bagdad, réussit à se constituer une armée et se déclara maître absolu. L'autorité mésopotamienne, en butte à des révoltes sociales en...