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MASSOUD AHMAD SHAH (1956-2001)

Peu d'hommes deviennent des légendes de leur vivant. Ce fut le cas de Massoud. À l'heure du thé où les Afghans sont souvent conteurs d'histoires, les habitants du Panjshir, haute vallée du nord-est du pays, disaient que leur chef était partout à la fois, qu'il volait au-dessus des rochers, que Dieu avait mis de la lumière en lui. Les journalistes occidentaux qui l'avaient rencontré lui avaient donné un titre qui ajouta à la construction du mythe : « Massoud, le Lion du Panjshir ». Les événements dramatiques des guerres d'Afghanistan allaient, eux, fournir le cadre d'une destinée hors du commun. En réalité, Massoud était plus simple.

Né dans la vallée du Panjshir en 1953, Ahmad Shah Massoud fait des études à Kaboul, au lycée français puis à l'École polytechnique. Son père était officier dans l'armée, lui voulait devenir architecte. Le renversement du roi Zaher en 1973 et l'activité des communistes vont amener Massoud à militer au sein du Mouvement de la jeunesse musulmane (qui deviendra le Jamiat-i-Islami dirigé par Burhanuddin Rabbani et le Hezb-i-Islami dont Gulbuddin Hekmatyar assurera la direction). Après le nouveau coup d'État du 27 avril 1978 (Inqilab-é-Saour : la révolution d'avril), fomenté par des membres du Parti communiste afghan acquis à Moscou, Massoud prend les armes. En décembre 1979, les troupes soviétiques entrent en Afghanistan. En dix années, la guerre fera plus d'un million et demi de victimes et jettera quatre millions d'Afghans sur les routes de l'exil. La résistance afghane devient légendaire ; c'est en fait une composition hétéroclite de groupes de paysans et de religieux. Massoud, dans son Panjshir natal, devient l'un de ses plus fameux chefs, symbole de cette opposition courageuse à une des armées les plus puissantes du monde. Avec un armement rudimentaire, les moudjahidins tiennent tête. En 1984, la vallée est rasée par l'aviation soviétique, mais quelques jours avant le déclenchement de l'opération, Massoud a réussi à faire évacuer la population. Ses moudjahidins, installés dans des grottes, harcèlent les occupants. En 1985, Massoud signe une trêve avec les généraux soviétiques. Cet acte n'est pas compris par plusieurs autres groupes de la résistance, notamment par les Pashtounes, mais permet à Massoud d'étendre son influence sur le Nord-Est du pays. En organisant quelques mois plus tard le Conseil du Nord, embryon de la future Alliance du Nord, il rompt la trêve et lance des attaques de plus en plus efficaces contre l'occupant. À la surprise générale, en février 1989, l'armée soviétique abandonne le terrain. Mais il faudra attendre 1992 pour voir le régime du président Najibullah, mis en place par Moscou, s'effondrer. Ayant passé un accord avec le général Rashid Dostom, chef de la milice ouzbèke au service du régime communiste, Massoud le Tadjik entre dans la capitale le 29 avril 1992. Il laisse le pouvoir à Rabbani et devient ministre de la Défense. Hélas, les Panjshiris repoussent les Pashtounes des postes à responsabilité. L'anarchie s'installe à Kaboul, où les prisons ont été ouvertes, où les ex-communistes se sont fondus dans la foule, où trop d'armes circulent. Dès le mois de mai, Gulbuddin Hekmatyar, pion des Pakistanais, longtemps armé par la C.I.A., fait bombarder la capitale. La guerre de Kaboul commence. Le 26 septembre 1996, Massoud abandonne la ville aux talibans, nouvelle force apparue en 1994. Soutenus par les Pakistanais, ces „étudiants en religion“ ne cesseront d'attaquer les troupes de Massoud repliées dans le Panjshir. Et personne, en Occident, ne lui vient en aide. En 1997, il lance une contre-offensive vers Kaboul mais renonce à avancer car les moudjahidins ne parviennent pas à former un gouvernement. En avril 2001, Massoud tente d'alerter l'Occident sur les dangers du [...]

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