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MADANĪ AḤMAD TAWFIQ AL- (1899-1983)

Historien et homme d'État algérien, né en Tunisie ; il a fait ses études supérieures à al-Zaytūna de 1913 à 1915. Al-Madanī prend part au mouvement nationaliste tunisien à ses débuts et compte parmi les fondateurs du parti du Destour. Exilé en Algérie en 1924, il milite avec les ulémas algériens. Rédacteur politique de la revue Al-Shihāb (1931), rédacteur en chef d'Al-Basā'ir, secrétaire permanent du Front algérien pour la défense et le respect de la liberté (1952), membre fondateur du F.L.N., directeur du Bureau des affaires arabes du F.L.N. au Caire (1956-1958), ministre des Affaires culturelles du G.P.R.A., ministre des Biens de mainmorte à l'époque de Ben Bella, ambassadeur d'Algérie en ‘Irāq, puis en Turquie et en Iran ; il est également membre de l'Académie de langue arabe du Caire.

Outre ses activités de journaliste, Al-Madanī a publié en 1950 une pièce de théâtre, Hannibal, destinée à exalter le sentiment national tunisien. Mais il est surtout connu par ses études historiques : Histoire de l'Afrique du Nord, ou Carthage en quatre siècles (Tārīkh Shamāl Ifrīqyya aw Qartaghanna fī arba' ‘uṣūr), Livre de l'Algérie (Kitāb al-Ghazā'ir), Les Musulmans en Sicile et dans le sud de l'Italie (Al-Muslmūn fī gazīrat Ṣiqiliyya wa ganūb Iṭālya), Géographie de l'Algérie (Gughrāfiyyat al-Quṭr ibn al-Gazā'irī), Ibn Khaldoun et l'Algérie (Ibn Khaldūn wa-l gazā'ir).

Les études d'Al-Madanī ont certainement fait progresser la science historique en Afrique du Nord. Avant lui, Abul Qāsim al-Ḥifnāwī (1852-1942) écrit à la manière des anciens historiens arabes : il se contente de compiler les livres de ses devanciers. Il ne discute jamais ses sources et accorde le même crédit aux légendes et aux faits. Al-Madanī, lui, consulte les ouvrages français et arabes ; il use de procédés modernes, exploite les statistiques, dépouille les journaux et les documents. Il mène son travail avec méthode : « Réunir les facteurs de l'essor et les causes de la décadence, relier les événements à leurs causes et à leurs effets, montrer l'influence de ces événements sur le milieu, la culture et les mœurs, porter ensuite un jugement général sur chaque époque et faire ressortir l'influence qu'elle a exercée sur l'état général du pays, telle est la voie que j'ai suivie dans la composition de ce livre », écrit-il dans la préface de son ouvrage sur Carthage.

Mais il ne faut pas oublier que pour lui l'histoire, comme le théâtre, le journalisme, les activités politiques, reste un moyen d'éveiller la conscience nationale. Si Al-Madanī loue Carthage pour avoir « créé une civilisation régionale qui fait sortir les Berbères des ténèbres à la lumière », il condamne énergiquement l'impérialisme romain. Si Al-Madanī étudie la vie et l'œuvre d'Ibn Khaldūn, c'est pour montrer que l'influence de la période algérienne dans la vie de ce penseur « a été la plus profonde et la plus positive sur le monde arabe et l'humanité entière : c'est alors qu'il rédigea, en effet, sa Muqaddima et le brouillon de son Histoire ».

— Sayed Attia ABUL NAGA

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Écrit par

  • : docteur ès lettres (Sorbonne), agrégé de l'Université, interprète à l'O.N.U., Genève

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