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AHIDJO AHMADOU (1924-1989)

Ahmadou Ahidjo, 1971 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Ahmadou Ahidjo, 1971

Fils d'un chef foulbé, né à Garoua, Ahmadou Ahidjo doit à ses origines peul et à sa formation musulmane une part de sa personnalité. Sa vie est celle d'un autodidacte et d'un rassembleur d'hommes. Après des études coraniques et primaires dans sa ville natale puis à Yaoundé, Ahidjo est intégré dans les cadres de l'administration coloniale française en tant que radiotélégraphiste. Élu à l'Assemblée territoriale du Cameroun en 1947, il devient, de 1953 à 1958, conseiller à l'Assemblée de l'Union française tout en étant vice-président de l'Assemblée territoriale en 1955 et président, lorsque l'assemblée devient législative en 1957. Lorsque l'autonomie interne est accordée au Cameroun, Ahidjo devient vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur dans le gouvernement présidé par M'Bida. Mis en minorité par l'Assemblée à cause de sa politique trop proche de la France, M'Bida est remplacé en février 1958 par Ahidjo, qui continue à bénéficier de l'appui du gouvernement français. Son programme va porter sur l'indépendance du pays, sur l'unité nationale et sur le développement économique.

S'appuyant sur son parti, l'Union camerounaise, et grâce au maintien des troupes françaises, il poursuit la lutte contre la rébellion de l'Union des populations camerounaises (U.P.C.) en pays bassa et bamiléké ; ainsi, c'est dans une atmosphère de guerre civile que sont célébrées les fêtes de l'indépendance du Cameroun, le 1er janvier 1960. Ahidjo est élu, le 5 mai 1960, président de la République, et son premier geste est de proclamer l'amnistie générale et inconditionnelle en faveur de ceux qui acceptent de quitter les rangs des maquisards de l'U.P.C. Ce sens du dialogue favorise la réunification des deux Cameroun. Par référendum, le Cameroun occidental, anciennement sous mandat britannique, refuse l'intégration avec le Nigeria et opte pour la réunification avec le Cameroun oriental francophone. Un État fédéral est constitué le 1er octobre 1961 : Ahidjo en devient le premier président.

Parallèlement au développement économique de son pays, Ahidjo entend parvenir à une unification progressive. En 1966 est fondée l'Union nationale camerounaise, parti unique qu'il préside, regroupant les partis dominants dans les deux États fédérés. En 1970, Ahidjo parvient à mettre un terme à la rébellion de l'U.P.C. en capturant le dernier chef des maquisards, Ernest Ouandié, qu'il fait exécuter, tandis que Mgr Ndongmo, qui avait été accusé de participer à un complot, voit sa peine de mort commuée en emprisonnement à vie. Par référendum du 20 mai 1972, le pays adopte, à une large majorité, une nouvelle Constitution organisant un État unitaire. Ahidjo, réélu président de la République en 1970, demeure à son poste. À l'extérieur de son pays, le président Ahidjo apparaît comme un ardent défenseur de l'Organisation de l'unité africaine (O.U.A.) dans laquelle il voit la possibilité de régler les problèmes africains. En 1973, il se retire de l'Organisation commune africaine et malgache (O.C.A.M.) et semble inaugurer une politique de plus grande indépendance vis-à-vis de la France. En 1980 Ahidjo est réélu président de la République pour cinq ans.

En novembre 1982, il quitte le pouvoir pour raison de santé mais conserve la présidence du parti unique. Réfugié en France, il est accusé en 1984 de complot contre le président Paul Biya, et il est condamné à mort par contumace. Il ne reviendra jamais dans son pays, menant une vie de réfugié politique entre la France et le Sénégal, où il meurt le 30 novembre 1989.

— Bernadette PICARAT

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Écrit par

  • : licenciée en droit, diplômée d'études supérieures de droit public

Classification

Média

Ahmadou Ahidjo, 1971 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Ahmadou Ahidjo, 1971

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

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  • CAMEROUN

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