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BAKR AHMED HASSAN AL- (1912-1982)

Aux discrètes obsèques d'Ahmed Hassan al- Bakr, le 5 octobre 1982 à Bagdad, trois personnalités mènent le deuil : Michel Aflak, un des fondateurs historiques du parti Baas auquel adhéra très tôt le jeune officier Bakr ; le roi Hussein de Jordanie, dont le cousin, Fayçal II d'Irak, avait été renversé, et tué, par le coup d'État du 14 juillet 1958 auquel participa le général Bakr ; le président Saddam Hussein qui lui succéda, le 16 juillet 1979, à la tête de l'État et du parti. Aucune autre image n'aurait pu mieux symboliser ce que fut le destin de cet Irakien, militaire, révolutionnaire baassiste et homme d'État.

Ahmed Hassan al-Bakr est né en 1912 à Takrit, une petite localité située à quelques kilomètres au nord de Bagdad d'où sont venus beaucoup de responsables politiques baassistes. Il appartient à une modeste famille sunnite traditionaliste. Délaissant très vite l'enseignement, vers lequel il s'est d'abord orienté, il entre à l'Académie militaire en 1938. Dans tous les pays arabes, et en Irak particulièrement, une carrière d'officier offre alors prestige et promotion sociale. L'Irak, indépendant depuis 1932, appartient à cette branche de la dynastie hachémite que Londres a installée en août 1921. L'influence britannique demeure importante. Elle est aussi contestée. Le jeune Bakr adhère au Baas, le Parti de la résurgence arabe, fondé par trois Syriens : Zaki al-Arsouzi, un Alaouite, Michel Aflak, un chrétien, et Salah Bitar, un musulman, et qui catalyse les aspirations nationalistes arabes. Le Baas, dont la doctrine est résumée dans sa devise : « Unité-Socialisme-Liberté », se veut panarabe, anti-impérialiste, laïque et progressiste. C'est un parti d'encadrement de masses plus qu'un parti de masse. Le rôle des cadres y est déterminant. Ils sont surtout militaires car l'armée, par ses structures, ses matériels, son homogénéité, et à cause de son implantation dans tout le pays et du brassage constant des hommes qui s'y opère, est le meilleur support pour une action révolutionnaire. Ahmed Hassan al-Bakr progresse rapidement dans les deux hiérarchies, celle de l'armée et celle du Baas.

En 1958, il est général et fait partie d'un comité clandestin d'« Officiers libres », baassistes surtout, qui complotent pour le renversement des institutions. Le 14 juillet, il participe à la chute de la monarchie en s'emparant de la base aérienne de Habbaniyeh. Le général Abdel Karim Kassem, maître d'œuvre du coup d'État, s'impose, ne tardant pas à provoquer une scission au sein de l'équipe dirigeante. Le général Bakr s'allie contre lui avec le colonel Abdel Salam Aref, participe à un complot, qui est éventé (12 oct. 1958), et se compromet dans une révolte à Mossoul (févr. 1959). Arrêté, il doit quitter l'armée.

Il s'engage alors activement dans l'opposition clandestine jusqu'au coup de force du 8 février 1963 qui amène Aref au pouvoir. Réintégré dans l'armée, il est nommé Premier ministre, membre du Conseil de commandement de la révolution (C.C.R.) et forme un premier gouvernement où se côtoient baassistes, nassériens et communistes. Il se débarrasse finalement de ces derniers au profit d'une équipe baassiste homogène.

Le Baas est connu pour ses conflits internes, la « gauche » et la « droite », les « civils » et les « militaires » s'opposent en clans violemment hostiles. Le général Bakr, militaire donc, prend parti pour la « droite ».

Lassé par ces querelles, le président Aref chasse les baassistes et limoge son Premier ministre. Mis à l'écart, celui-ci perd progressivement tous ses postes, se retire de nouveau de l'armée et s'exile. Son activité clandestine reprend puisque, le 17 juillet 1968, c'est lui que l'on retrouve à la tête[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique des relations internationales

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