MESSALI HADJ AHMED (1898-1974)
Messali Hadj fut un homme politique et un militant nationaliste algérien ; il fut le premier à réclamer l'indépendance de l'Algérie.
Né dans une famille de Tlemcen et fils d'un artisan profondément religieux, Messali Ahmed (qui se fera appeler Hadj sans qu'on sache s'il a vraiment été à La Mecque) combat en France durant la Première Guerre mondiale. Il voyage ensuite beaucoup, vit longtemps en France, où il travaille comme ouvrier, suit quelques cours à la Sorbonne et rencontre des leaders politiques. Possédant un talent oratoire qui l'aidera dans sa carrière, il devient en 1927 chef d'un groupe prolétarien, fortement inspiré par le communisme, créé à Paris en 1925 et rassemblant, sous le nom d'Étoile nord-africaine (E.N.A.), des ouvriers maghrébins, surtout kabyles. Dès le début, Messali revendique l'indépendance pour l'Algérie et réclame des changements révolutionnaires (notamment la réforme agraire), ce qu'étaient loin de faire les autres porte-parole de la population musulmane. L'unité nord-africaine est aussi à son programme. l'E.N.A. est dissoute en 1929, mais réapparaît en 1932 ; Messali est expulsé d'Algérie dès 1930. Il sera très souvent condamné, emprisonné ou assigné à résidence, ce qui ne l'empêchera nullement de diriger les mouvements qu'il a successivement fondés. Obligé de se réfugier à Genève, il subit l'influence d'un émir druze, Chekib Arslan, qui le convertit au panarabisme et écarte ses sympathies communistes. Il revient en France et participe à tous les mouvements antifascistes.
Lors du congrès d'Alger de 1936, organisé par les élus algériens, il se taille un succès personnel en demandant l'indépendance immédiate et réussit à élargir son audience en Algérie. En 1936, Messali Hadj fonde le Parti du peuple algérien (P.P.A.), qui attire surtout les travailleurs urbains et cantonne son action désormais à l'Algérie, et non plus à toute l'Afrique du Nord. Il se livre à une constante surenchère par rapport aux autres partis algériens, si bien qu'en août 1937 il est arrêté et condamné à deux ans de prison pour atteinte à la sûreté de l'État. Sorti de prison, il publie dans son journal El Ouma (qui tirera jusqu'à 45 000 exemplaires) un violent réquisitoire contre la France. Dès la déclaration de guerre de 1939, le gouvernement dissout le P.P.A. et emprisonne ses militants. Messali est condamné par Vichy, en 1941, à seize ans de travaux forcés ; libéré en 1943, il est placé en liberté surveillée. Le P.P.A. continue son action dans la clandestinité. Messali s'associe en 1943 au Manifeste du peuple algérien, lancé par Ferhat Abbas. Le congrès des Amis du Manifeste et de la liberté (A.M.L.) de mars 1945 réclame l'indépendance, et Messali Hadj, alors en prison, est reconnu comme leader incontestable du peuple algérien ; les émeutes de Sétif de 1945 se font aux cris de « Libérez Messali Hadj ! ».
Alors que Ferhat Abbas fonde l'Union démocratique du Manifeste algérien (U.D.M.A) et lance son parti dans les élections, Messali fonde en 1946 un nouveau parti, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (M.T.L.D.), qui obtient des succès aux élections municipales de 1948 (malgré le trucage des élections et l'emprisonnement des principaux candidats). Il publie de 1949 à 1954 son journal L'Algérie libre. Parallèlement au M.T.L.D., Messali crée un mouvement paramilitaire, l'Organisation spéciale (O.S.), qui choisit la lutte armée. Le comité central du M.T.L.D., dont l'un des membres assume le commandement de l'O.S. (Aït Ahmed, puis Ahmed ben Bella), décide en décembre 1948 de donner la priorité à celle-ci. En mars 1950, la plupart de ses membres étant arrêtés, l'O.S. est dissoute par le M.T.L.D. Mais Messali ne se décide pas à choisir entre la légalité[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Martine MEUSY : diplômée d'études supérieures de science politique, chargée d'études à la direction de la Documentation française
Classification
Autres références
-
ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
- 41 835 mots
- 25 médias
Au début d'avril 1945, Messalī Hadj avait, semble-t-il, accepté un projet d'insurrection : un gouvernement algérien devait être proclamé dans les environs de Sétif, dont Messalī Hadj prendrait la direction. Par là, les puissances alliées réunies à la Conférence de San Francisco seraient... -
GUERRE D'ALGÉRIE
- Écrit par Benjamin STORA
- 6 112 mots
- 13 médias
...algérienne (CNRA). Pour s'assurer la conduite du mouvement vers l'indépendance, il lui faudra éliminer toutes les organisations politiques rivales, notamment le Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj qui refuse de s'intégrer au FLN. Le massacre par une unité de l'ALN, le 28 mai 1957, de 374 habitants... -
STORA BENJAMIN (1950- )
- Écrit par Pierre VERMEREN
- 1 177 mots
- 1 média
Benjamin Stora est un historien français spécialiste de l’histoire de l’Algérie contemporaine. Son œuvre, qui compte des dizaines de livres et de films, porte essentiellement sur le nationalisme algérien, la guerre d’Algérie, puis sur leurs mémoires croisées dans la longue durée, en France...