AHMET PACHA (mort en 1497)
Le nom d'Ahmet pacha (Aḥmad pacha, Ahmet pa,sa) évoque un tournant important de la littérature turque, puisqu'on le considère comme le père de la poésie ottomane. C'est sous Mehmet II le Conquérant (1432-1481) que le turc devient la langue littéraire officielle, mais l'arabe et surtout le persan l'emportent sur le turc, qui devient parler populaire. Avec Ahmet pacha et jusqu'au grand Bāki, le genre poétique du dīwān ne va cesser de s'affirmer. Né à Bursa, Ahmet pacha assiste à la prise de Constantinople et il devient le protégé du sultan, qui le nomme vizir. Bien qu'il ait été parfois trop conciliant et qu'afin de plaire au souverain épris de la tradition iranienne il ait imité les poètes persans, son œuvre reste originale. Il a donné un nouveau souffle à la poésie lyrique, usant avec une remarquable aisance de tournures raffinées, d'un vocabulaire élégant, quoique parfois trop académique ; il a composé plus d'une trentaine de ghazal et des qaṣīda, genres dans lesquels il excellait. En revanche, son dīwān, qui comporte quelques passages lyriques et des satires, repose en grande partie sur un éloge au sultan, dont l'aspect courtisan est quelque peu irritant.
Ahmet pacha est d'ailleurs l'auteur d'un grand nombre de vers consacrés aux beautés naturelles, aux œuvres architecturales et sculpturales qui virent le jour grâce au Conquérant. Ces vers souffrent de l'absence de ces élans lyriques sur la nature et sur ses symboles, chers à Sheyhi, le poète qui servit de modèle à Ahmet pacha. Connaissant parfaitement la langue persane, celui-ci a laissé des traductions très fidèles de recueils poétiques persans, notamment de vers de Ḥāfiẓ, dont on ressent l'influence sur sa propre poésie.
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Écrit par
- Gayé PETEK-SALOM : licenciée ès lettres
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Autres références
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TURQUIE
- Écrit par Michel BOZDÉMIR , Encyclopædia Universalis , Ali KAZANCIGIL , Robert MANTRAN , Élise MASSICARD et Jean-François PÉROUSE
- 37 012 mots
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...moitié du xve siècle, parallèlement à l'expansion de l'Empire, la poésie turque du Divan s'affirmera notamment par les œuvres d' Ahmet Pacha (?-1497) et de Necati (?-1508), qui ont le mérite d'utiliser une langue qui s'inspire parfois du parler d'Istanbul, langue dominante, souple...