AHURA MAZDĀ
La religion iranienne ancienne place au sommet de son panthéon un dieu qu'elle nomme Ahura Mazdā (le Seigneur sage) et dont la réforme zoroastrienne (vers le ~ viie s.) fit le souverain unique de la création. La comparaison avec les autres mythologies indo-européennes, et particulièrement avec celle du Véda, montre qu'il s'agissait à l'origine d'un dieu de première fonction (selon la classification de G. Dumézil), dont l'équivalent indien est l'asura Varuna. On sait, à ce propos, que les Indo-Iraniens divisaient le monde divin en deux classes rivales : les asuras (en Iran : ahuras) et les dévas (en Iran : daevas) ; mais, alors que, dans les milieux védiques, les asuras perdirent leur suprématie au profit des dévas (dont Indra était le chef), les Iraniens en vinrent à tenir les daevas pour des démons dont le culte était pernicieux : seul Mazdā méritait qu'on l'honorât. Ses compagnons conservèrent une place dans le culte en tant qu'Amesdha-Spenta (saints immortels), sortes d'archanges dont la liste reproduit celle des anciennes divinités.
Plus tard, ce monothéisme parut battu en brèche par la doctrine des « deux esprits » (le Bon et le Mauvais) : Ahura Mazdā (désormais appelé Ohrmazd, par simple altération phonétique) avait en face de lui Angra Mainyu (devenu Ahriman, par le même processus), mais, en fait, les théologiens iraniens n'accordaient pas plus de puissance à Ahriman que les chrétiens à Satan : Dieu (Ohrmazd) lui restait infiniment supérieur. On en dirait autant de Zurvan (le Temps éternel), qui n'est nullement le principe de toutes choses, mais plutôt une manifestation du pouvoir créateur d'Ohrmazd. De nos jours, les parsis (zoroastriens vivant en Inde) ont repris le nom ancien d'Ahura Mazdā pour désigner leur dieu et se déclarent « mazdéens » (mazdayasnô).
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
Classification
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