AIL
Paré de toutes les vertus dès l'aurore de la médecine occidentale, longtemps considéré comme l'un des meilleurs spécifiques de la peste, l'ail (Allium sativum L., liliacées) restera, jusqu'au xixe siècle, dans les campagnes, le remède universel que Galien appelait déjà la « thériaque des paysans ». Il tenait une place de choix parmi les aliments des ouvriers qui bâtirent la pyramide de Gizeh, vers ~ 4500. Les Hébreux le comptaient au nombre des biens les plus précieux qu'il leur fallut laisser en Égypte. Il est cité par tous les médecins et les écrivains d'histoire naturelle de l'Antiquité. Aristophane en parle dans ses comédies comme d'un véritable symbole de force physique. Mais certains s'offusquaient déjà de ses méfaits sur l'haleine : l'entrée des temples était interdite à ceux qui en avaient mangé.
Le bulbe renferme environ 0,7 p. 100 d'une essence d'odeur forte, dérivant d'un glucoside sulfuré, l'alliine. Ce dernier, sous l'action d'une diastase spécifique et en présence d'eau, donne l'allicine, où se combinent allyle, soufre et oxygène. C'est à cette substance que l'ail doit ses remarquables propriétés antiseptiques, stimulantes, hypotensives, expectorantes et vermifuges. Plante irritante, quand on en abuse, toxique pour les petits animaux à des dilutions relativement hautes, l'ail est un antiseptique de grande valeur aux doses médicinales. Le simple jus des gousses est plus actif que l'essence isolée. Il ne détruit pas les germes pathogènes mais inhibe leur multiplication. Ce pouvoir a été vérifié expérimentalement à maintes reprises, notamment sur les bacilles du groupe typhique, le bacille dysentérique et le bacille de Koch, sur des colibacilles, des streptocoques, des staphylocoques et autres bactéries. L'ail frais est même actif à distance, par la diffusion de son essence ; l'habitude très ancienne d'en mâcher constamment pendant les épidémies ne doit rien à la magie blanche : s'en souvenir en temps de grippe et de maladies infectieuses. L'ail, bon désinfectant de l'appareil digestif, utilisable spécialement dans les dysenteries, est un antispasmodique efficace dans les crampes de l'estomac. Son influence bénéfique au niveau pulmonaire s'exerce aussi bien dans le rhume banal et la coqueluche que dans l'emphysème, la bronchite chronique et les pneumopathies d'origine infectieuse. L'essence, rapidement diffusée par les bronches (d'où l'haleine alliacée des mangeurs d'ail), agit en même temps comme antispasmodique en calmant la toux, comme antiseptique et comme modificatrice des sécrétions.
Cette plante polyvalente est aussi une hypotensive recommandable dans l'hypertension et l'artériosclérose, en cure brève alternant avec des périodes de repos. Le suc a fait régresser ou disparaître des tumeurs chez l'homme et, expérimentalement, des sarcomes provoqués chez le rat par des hydrocarbures ; il possède une action préventive possible sur le cancer de l'intestin. Avec l'absinthe, l'ail est le plus traditionnel des vermifuges, très actif contre les oxyures et les ascarides, à essayer contre le ténia. En usage externe, le suc dilué étant un excellent désinfectant des plaies, on peut l'appliquer en compresses ou en pommades sur les furoncles.
L'ail peut être consommé tel quel pour l'usage thérapeutique (vermifuge en particulier) : de une à trois gousses par jour (il s'agit des caïeux et non, évidemment, des têtes entières). Dans les maladies pulmonaires, user de préférence de la teinture au cinquième : 10 à 15 gouttes deux fois par jour, pendant dix jours, si possible dans du lait, qui en masque l'odeur.
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Écrit par
- Pierre LIEUTAGHI : écrivain, lauréat de la Société botanique de France
Classification
Autres références
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