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Ain't no woman (like the one I've got), FOUR TOPS

Formé en 1956 par quatre camarades d'université, The Four Tops va constituer à partir du début des années 1960 le plus fameux groupe de rhythm and blues puis de soul pop de l'écurie Tamla Motown. Ce quatuor vocal de Detroit, caractérisé par une exceptionnelle longévité – il était toujours actif au début des années 2000 –, la stabilité de son effectif, inchangé depuis les origines, la grande qualité de ses voix et des prestations scéniques élaborées, connaîtra la notoriété internationale au milieu des années 1960 grâce à sa collaboration avec le trio de compositeurs, arrangeurs et producteurs constitué par Eddie Holland, Brian Holland et Lamont Dozier.

À partir de 1967, avec le départ de ces trois derniers de chez Motown, The Four Tops se rabattent sur l'interprétation de thèmes pop, par exemple dans leur reprise de River Deep, Moutain High, qu'ils jouent avec The Supremes. Après les années rhythm and blues, où leur public étaient principalement afro-américain, il leur fallait contrer la «British invasion» et assurer le crossover, afin de toucher un large public. Pour cela, ils travaillent les mélodies, créent un son sophistiqué grâce à des orchestrations de cordes et de cuivres élaborées, tout en maintenant les voix dans la tradition du gospel.

Ain't no Woman (Like the One I've Got) est une ballade jouée sur un tempo moyen. La fin du couplet s'appuie sur deux accords mineurs du mode de . Le rim shot de caisse claire est bien placé sur les temps pairs, comme l'accent de conga, doublé par la guitare rythmique staccato. La basse et la grosse caisse jouent des motifs en doubles croches. Au tout début, l'anacrouse de la ligne vocale est harmonisée par la guitare basse. La cellule de voix du couplet, décalée, débute d'ailleurs sur le troisième temps, comme dans beaucoup de morceaux soul.

Après l'interlude, dont la modulation rappelle que les Fours Tops ont commencé par chanter du jazz, le refrain fait entendre trois accords qui supportent une mélodie pentatonique du soliste. Le système est constitué d'une question du chanteur, différent de celui du couplet, qui suscite la réponse du chœur en superstructure, sur la triade supérieure par rapport à la basse (la mineur sur fa majeur, par exemple). Une cloche marque les temps, pendant que la caisse claire se permet parfois de la suivre, un procédé classique souvent copié dans le rock (par Charlie Watts, le batteur des Rolling Stones, par exemple). Les deux guitares, dont l'une est rebondissante et l'autre soliste avec pédale wa wa, ajoutent quelques petites touches. Dans les refrains suivants, des cordes luxuriantes viendront compléter l'arrangement.

Cette construction reflète un certain âge d'or de la soul music, personnifié par The Four Tops mais aussi par Curtis Mayfield, Aretha Franklin ou James Brown. En prenant certains traits de la pop music blanche, l'obligation d'ouverture se poursuivra jusqu'à ce que, à la fin des années 1970, l'invasion disco oblige la musique noire américaine à se remettre de nouveau en cause et à trouver d'autres réponses.

— Eugène LLEDO

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Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore