AKHENATON ou AMÉNOPHIS IV (XIVe s. av. J.-C.)
Les débuts du règne
Quoi qu'il en soit, les premières années d'Aménophis IV-Akhenaton, corégent, se déroulent à Thèbes. Au palais de Malgatta, son père, Aménophis III, vit avec la reine Tiyi, mère d'Aménophis IV. Le jeune souverain est marié avec une princesse d'une extrême beauté, Nofretiti (ou Nefertiti), dont certains historiens ont voulu faire, sans raison valable, une princesse mitanienne. Comme pour presque tous les personnages qui entourent la famille royale, un assez grand mystère subsiste encore et la plupart des arbres généalogiques sont impossibles à dresser. On ne connaît que le nom de la nourrice de la reine, la dame Ti, mariée au chef de la cavalerie de Sa Majesté, Ay, et la sœur de la reine, Moutnedjemet. On constate, très peu de temps après le couronnement du fils d'Aménophis III, que le prince héritier se fait le héros d'une réforme religieuse, qu'il faut bien davantage appeler hérésie. En effet, le roi n'a pas rompu avec les traditions, mais simplement choisi de mettre en relief un aspect plus tangible du dieu, qu'il veut rendre accessible à tous, universel, en cette période où l'Égypte a pris de profonds contacts avec ses voisins, et doit maintenant tenir compte de l'évolution interne du pays. Dans le site désormais appelé Karnak, une cité de temples, au cœur desquels trône la demeure d' Amon, était le fief des grands prêtres du dieu dynastique. À l'est de cette enceinte, le jeune roi veut marquer le programme de sa réforme en faisant ériger un temple au Soleil levant. Ses intentions sont nettes. Il les exprime dans des écrits, qui sont de véritables hymnes poétiques au globe solaire Aton, sans qui rien ne peut vivre : à son apparition, il donne la force aux êtres et les anime, pour que la vie se continue. À son coucher, toute forme s'engourdit : privé du souffle, le monde tombe dans une torpeur, pendant que, de l'autre côté de l'endroit où le Soleil a disparu, l'astre se recharge. Aussi bien, les théories funéraires vont-elles être aménagées, et le vieux rite osirien sera-t-il exprimé par ce nouveau concept eschatologique. Ainsi donc, la force initiale, Amon, cachée, comme son nom l'indiquait, ne représente plus pour le roi hérétique autre chose que le grand mystère. Pour tous ses sujets, le roi, qui s'appelle maintenant Akhenaton, « le serviteur du globe Aton », a choisi le vieux nom solaire cité déjà dans les Textes des pyramides : Aton, le globe de l'œil solaire, source de toutes choses. Aton qui, au Moyen Empire, accueille l'image aérienne du souverain dès sa mort, cette image, « chair divine », retournant à ce dont elle est issue.
D'autre part, le roi tient à instruire lui-même les artistes de son époque, car il veut traduire par des formes tangibles l'esprit de sa réforme. Son temple, à l'est de Karnak, reçoit son image royale, traitée avec un réalisme surprenant, des déformations voulues du corps, et sur le visage les marques de cette introspection, qui s'efforce d'exprimer bien plus les sentiments intérieurs d'un être que son exact portrait charnel. Le roi prêche que tout doit être sacrifié à la vérité, source de l'équilibre, de la justice, de la vie, reflet du divin.
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Écrit par
- Christiane DESROCHES-NOBLECOURT : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
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Médias
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