AKKAD
Akkad (du sémitique Akkadû, forme à laquelle le scribe préférait Agadé) désigne à la fois une « ville de royauté » du IIIe millénaire avant J.-C. et la partie nord de la Babylonie. Du nom de la cité dérive le terme akkadien, qui sert à qualifier la dynastie royale d'Akkad, la population sémitique établie à cette époque en Babylonie et son langage.
La dynastie d'Akkad, qui a joué un rôle essentiel dans l'histoire de la Mésopotamie, est malheureusement assez mal connue. En attendant que sa capitale (qui doit se trouver aux environs de Sippar) soit retrouvée et fouillée, nous devons nous contenter de courtes inscriptions, glanées dans des centres provinciaux et de textes tardifs (IIe-Ier millénaire av. J.-C.) qui semblent plus épiques qu'historiques. La chronologie de cette époque pose de délicats problèmes. Il faut renoncer à connaître la durée respective des règnes, mais on peut placer avec quelque vraisemblance la dynastie d'Akkad vers 2300-2150. Elle se situe donc dans l'histoire de la Mésopotamie, entre la période du Dynastique archaïque (vers 3000-2300), souvent appelée présargonique, et l'époque confuse de la domination des Gouti (vers le milieu du xxiie s.).
Les guerres. Sargon d'Akkad
La fortune d'Akkad commence avec un personnage hors série, Sargon (en akkadien, roi juste ou roi véritable, un nom de règne). Il naît dans une petite ville sémitique des bords de l'Euphrate, d'une de ces prêtresses qui n'avaient pas le droit d'élever des enfants. Abandonné par sa mère dans une corbeille de roseaux qui est confiée au fleuve, le nouveau-né est recueilli et adopté par un jardinier. La faveur de la déesse Ishtar fait plus tard de lui un échanson à la cour de Kish, puis un prince.
On suppose que le jeune aventurier rassembla une forte bande de ces Sémites qui affluaient du désert de Syrie vers les riches oasis de Mésopotamie et s'y louaient comme journaliers ou comme soldats...
Vers 2300, peu après avoir fondé la ville d'Akkad, Sargon renversa Lougal-zaggisi, le Sumérien d'Oumma, qui avait pris le titre royal et imposé brutalement sa suzeraineté, de la Méditerranée au golfe Persique.
L'homme d'Akkad se proclame roi et soumet la basse Mésopotamie, ce riche terroir, coupé de canaux, où se pressent les villes rivales, sémitiques ou sumériennes. Sargon se préoccupe aussi de protéger le commerce qui fait la fortune de ces cités et leur procure les matières premières qui manquent au pays des deux fleuves : bois de construction, pierres dures pour la sculpture, or, argent et pierres rares, cuivre et étain. Le maître d'Akkad, qui a repris les plans de son prédécesseur, est donc comme lui sans cesse en guerre, mais ses campagnes semblent l'avoir mené plus loin qu'aucun souverain mésopotamien de l'histoire. Une expédition navale le conduit à Dilmoun (île de Bahrein), le grand entrepôt du golfe Persique ; une autre campagne amène la soumission des pays de Magan et de Melouhha (quelque part sur la côte est du Golfe), qui fournissent du cuivre et de la diorite. Au nord et à l'est, Sargon bat et rend tributaires les peuples belliqueux du Soubartou (la Mésopotamie septentrionale dominée par des princes hourrites), du mont Zagros et d'une partie du plateau iranien. La dynastie élamite, qui contrôlait le grand marché de Suse, se reconnaît vassale de l'Akkadien. Vers le nord-ouest, Sargon prend les villes de la boucle de l'Euphrate, reconnaît la forêt des Cèdres (l'Amanus) et atteint la Méditerranée sur le littoral syrien. À l'appel des marchands mésopotamiens, qui trafiquaient au Pays de l'Argent (le futur royaume hittite, dans le bassin de l'Halys), il franchit le Taurus et intervient contre un prince local dans la région de l'actuelle Konya. Par contre, il n'est pas vraisemblable que Sargon, comme le veut un de nos textes, ait[...]
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Écrit par
- Gilbert LAFFORGUE : maître assistant à l'université de Paris-Sorbonne
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