FĀRĀBĪ AL- (872-950)
Abū Naṣr Muḥammad b. Tarkhān b. Awzalaġ al-Fārābī est connu en Occident, au Moyen Âge, sous les noms d'Avennasar et d'Alfarabius. Bien que turc, il est le deuxième en date des grands philosophes hellénisants musulmans de langue arabe, après al-Kindī et avant Avicenne, qui lui doit beaucoup. Il fut appelé le « deuxième maître », Aristote étant le premier.
Magister secundus
Né en Transoxiane, près de Fārāb, Fārābī aurait, jeune encore, accompagné à Bagdad son père, chargé d'une importante fonction militaire. Il aurait étudié la logique auprès du philosophe aristotélicien chrétien Abū Bishr Mattā b. Yūnus, et, lors d'un séjour à Ḥarrān, auprès du nestorien Yuḥannā b. Khaylān, un tenant de l'école de philosophie alexandrine. À Bagdad également, il aurait étudié grammaire, mathématiques, musique et philosophie. Après un voyage en Égypte, il se fixa en 942 à Damas, à la cour du souverain ḥamdānide Sayf ad-dawla, shī‘ite comme il l'était vraisemblablement lui-même, et qui hébergeait divers savants et hommes de lettres. Il mourut vers l'âge de quatre-vingts ans, après avoir accompagné Sayf ad-dawla dans une expédition. Malgré son admiration pour l'aristotélisme et ses efforts pour l'assimiler, Fārābī, comme tant d'autres alors, était imbu de néo-platonisme : son système reste assez proche de celui des Iẖwān aṣ-Ṣafā’, qui pourtant connaissaient très mal Aristote. Outre d'importants commentaires d'œuvres du grand philosophe grec, Fārābī a écrit sur la logique, la musique, la physique, la métaphysique et la politique. Citons entre autres : Le Recensement des sciences, Synthèse des opinions des deux sages (Platon et Aristote), De l'intellect (analyse néo-platonicienne de la conception d'Aristote), Sur la métaphysique d'Aristote, De l'Un et de l'unité, Des opinions des habitants de la Cité vertueuse, La Politique, De l'obtention du bonheur.
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Écrit par
- Yves MARQUET : docteur ès lettres, professeur honoraire des Universités
Classification
Autres références
-
ISLAM (La civilisation islamique) - La philosophie
- Écrit par Christian JAMBET et Jean JOLIVET
- 8 975 mots
...celui qui inaugure vraiment la lignée classique des grands e̱alāsifa : c'est Abū Naṣr Muḥammad b. Muḥammad b. Ṭaraẖān b. Ūsaluġ al-Fārābī, mort, selon l'avis le plus courant, en 339/950. On remarque avant tout chez lui un puissant intérêt pour la logique, à laquelle il a consacré...