NUWAYRĪ AL- (1279-1332)
L'un des plus grands représentants, avec Ibn Faḍl Allāh al-‘Umarī et Qalqashandī, de la littérature encyclopédique arabe à l'époque mamelouke. Né en Haute-Égypte, Nuwayrī appartient, par son père, au milieu bourgeois des fonctionnaires d'État et occupera lui-même divers postes en Égypte ou en Syrie.
De son aveu même, il a voulu, partant de son activité même de scribe (kātib), enregistrer la somme des connaissances nécessaires à la profession et, au-delà, des connaissances composant le savoir général (adab) de l'honnête homme. De ce souci, et dans le même esprit que celui d'Ibn Faḍl Allāh al-‘Umarī, est née la grande encyclopédie de Nuwayrī, à laquelle son auteur travailla une vingtaine d'années : De l'art d'atteindre le but dans les différentes branches du savoir (Nihāyat al-arab fi funūn al-adab, éd. Aḥmad Zakī Pacha, 18 vol. parus, Le Caire, 1923-1944 ; rééd. photostatique, Le Caire, 1963).
Si l'encyclopédie de Nuwayrī se propose les mêmes buts que celle d'Ibn Faḍl Allāh, elle en diffère par le plan. Elle est divisée en cinq grandes parties, respectivement consacrées à la description du Ciel et de la Terre, aux hommes, aux animaux, aux plantes et à l'histoire. Chacune de ces divisions recouvre elle-même cinq parties et chacune de celles-ci, à son tour, un nombre variable de chapitres. Mais cette apparence de pondération savamment calculée entre les différents champs de la connaissance ne réussit pas à masquer un déséquilibre majeur au profit de l'histoire. Sur les trente et un volumes que comporte l'ouvrage, les dix premiers rassemblent à eux seuls quatre des grandes divisions, l'histoire occupant les deux autres tiers de cette œuvre monumentale de neuf mille pages ; en outre, à l'intérieur même de cette histoire, celle de l'Islam se taille la part du lion, si bien qu'elle représente finalement la moitié de la Nihāyat.
Compilée avec sérieux, puisée à des sources innombrables derrière lesquelles l'auteur efface sa propre personnalité, recourant à des documents d'archives, la Nihāyat s'est révélée de bonne heure une œuvre incomparable, au moins pour la connaissance de l'histoire mamelouke. Signalée en Europe dès le xviie siècle, elle a commencé d'être exploitée dès le siècle suivant. Mais il y a plus : par sa volonté de rassemblement du savoir, par son souci du style aussi, elle offre, globalement cette fois, pour l'histoire de la culture arabe, un témoignage de premier ordre sur une période qui a trop souvent souffert de la comparaison avec le califat de Bagdad, mais qui reste, dans les faits, capitale, grâce à l'Égypte.
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Écrit par
- André MIQUEL : professeur au Collège de France
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