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AL-QAIDA

L'organisation de la Base du Djihad, communément désignée sous l'appellation « la Base » (Al-Qaida), a été fondée en août 1988 dans la banlieue de la ville pakistanaise de Peshawar par Oussama ben Laden. Alors que le retrait de l'Armée rouge d'Afghanistan était en cours, cette organisation clandestine de quelques dizaines de membres, tous liés par un serment d'allégeance personnelle à Ben Laden, visait à mobiliser les volontaires arabes du djihad antisoviétique pour d'autres objectifs révolutionnaires. Al-Qaida reposait à la fois sur la « base » géographique des camps d'entraînement au Pakistan et sur la « base » de données des combattants étrangers, d'ailleurs désignés sous le terme « Afghans » lors de leur retour dans les pays arabes. De strictes procédures de sécurité ont longtemps protégé l'anonymat d'Al-Qaida, expression employée à usage strictement interne jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001.

La première organisation terroriste mondialisée

Ben Laden, chef incontesté de l'organisation, était secondé par Ayman al-Zawahiri, un djihadiste égyptien qui va concevoir deux orientations sans précédent et leur inventer une justification inédite, en contradiction avec quatorze siècles de doctrine et de pratique de l'islam. La première de ces innovations est le concept de « djihad global », qui rompt le lien établi dans l'Histoire avec un peuple et un territoire (à libérer ou à asservir) : la planète entière devient « terre de djihad », sans distinction de cible civile ou militaire, et Al-Qaida émerge ainsi comme la première organisation terroriste à vocation mondiale. La seconde de ces innovations est la dialectique entre « l'ennemi proche » et musulman, d'une part, et « l'ennemi lointain » et occidental, d'autre part. La nature stratégique de « l'ennemi proche » est centrale pour Al-Qaida, dont le projet totalitaire entend s'accomplir dans tout territoire sous son contrôle : « l'ennemi lointain » – les États-Unis et leurs alliés – n'est paradoxalement qu'une cible tactique, dont il s'agit de provoquer, par des attentats, l'intervention dans l'espace de « l'ennemi proche ».

Cette vision opérationnelle se forge lors de l'exil de Ben Laden et d'al-Zawahiri au Soudan, de 1991 à 1996, période durant laquelle Al-Qaida tisse sa toile dans le monde arabe et en Afrique orientale. Mais, sous la pression des États-Unis et de l'Arabie Saoudite, la dictature islamiste en place à Khartoum se débarrasse enfin de ses hôtes djihadistes en les expulsant vers l'Afghanistan. C'est là que Ben Laden lance, en août 1996, sa « déclaration de djihad contre l'Amérique », accusée d'occuper la terre sainte d'Arabie, ce qui permet d'habiller le projet révolutionnaire antisaoudien dans une rhétorique hostile aux États-Unis. C'est aussi depuis l' Afghanistan que Ben Laden et al-Zawhiri établissent en février 1998 le « Front islamique mondial pour le djihad contre les juifs et les croisés ». Ils bénéficient alors du soutien des talibans du mollah Omar, maîtres de l'essentiel du pays, ainsi que de leurs protecteurs des services de renseignement pakistanais. C'est durant cette période que la « base » de l'Afghanistan taliban permet à la « base » de données internationales de dynamiser l'activisme d'Al-Qaida avec une violence inégalée : le 7 août 1998, deux attentats simultanés contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie (234 morts, dont 12 Américains) entraînent des bombardements de représailles sur l'Afghanistan, dont Ben Laden sort indemne, ce qui, conformément à la dialectique entre « l'ennemi proche » et « l'ennemi lointain », consolide la position d'Al-Qaida.[...]

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