AL-QAIDA
Des attentats du 11 septembre 2001 à la mort d'Oussama ben Laden
Les attentats du 11 septembre 2001 sont planifiés dans la même logique, car Al-Qaida espère qu'une invasion de l'Afghanistan sera aussi fatale aux États-Unis qu'elle le fut à l'Armée rouge. Les détournements simultanés de quatre avions (deux s'écrasent contre le World Trade Center, un contre le Pentagone, le quatrième s'écrasant sans frapper sa cible, sans doute le Capitole ou la Maison-Blanche) font près de trois mille morts. Mais la condamnation générale de ces attentats dans le monde musulman et l'effondrement rapide du régime taliban représentent un désastre pour Al-Qaida, qui perd près de la moitié de son millier de membres et se replie vers le Pakistan voisin. C'est l'invasion américaine de l'Irak, en mars 2003, qui, en ouvrant à Al-Qaida les portes du Moyen-Orient, lui permet de trouver un second souffle, avec la formation d'Al-Qaida pour la péninsule arabique (A.Q.P.A.), d'Al-Qaida en Irak (A.Q.I.), puis d'Al-Qaida au Maghreb islamique (A.Q.M.I.).
La confrontation entre le « djihad global » et les guérillas nationalistes, même menées sous la bannière du djihad, est cependant terrible pour Al-Qaida : A.Q.I. décline en Irak, A.Q.P.A. doit se replier de l'Arabie vers le Yémen, A.Q.M.I. déplace sa violence médiatisée de la Méditerranée vers le Sahara. Quant à la direction d'Al-Qaida, elle est de plus en plus absorbée par la campagne révolutionnaire de ses alliés pakistanais contre le régime d'Islamabad. Les soulèvements populaires, à la fois démocratiques et non violents, qui agitent le monde arabe à partir de l'hiver 2010-2011 constituent un désaveu cinglant pour la propagande d'Al-Qaida. Et la disparition de Ben Laden, le 2 mai 2011, prive le djihad global de l'icône médiatique qui lui préservait un semblant de cohérence. Al-Qaida pourrait fort bien n'apparaître, avec le recul, que comme une parenthèse sinistre, une aberration sans impact durable sur l'évolution des sociétés musulmanes. En revanche, Daech, l'acronyme arabe de l'État islamique en Irak et au Levant, qui a absorbé la branche irakienne d'Al-Qaida, remporte des succès importants à partir de 2013, jusqu'à contrôler un an plus tard un territoire d'une superficie équivalente à celle de la Jordanie. Le « califat » proclamé par le chef de Daech vaut désaveu posthume de Ben Laden et de son héritage.
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Écrit par
- Jean-Pierre FILIU : professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
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