BOMBARD ALAIN (1924-2005)
'Médecin et biologiste français surnommé le « naufragé volontaire » après ses expériences de survie en mer effectuées au début des années 1950''.
Né à Paris en 1924, Alain Bombard, après des études secondaires effectuées au lycée Henry-IV (Paris), entre à la faculté de médecine en 1943. Lors de son internat de médecine à Boulogne-sur-Mer, il ne peut supporter de voir régulièrement des naufragés moribonds arriver à l'hôpital. C'est ce qui le détermine à préparer une expérience de survie en mer. Il se rend pour cela au Musée océanographique de Monaco. En 1951, Bombard traverse la Manche à la nage : simple prélude à l'exploit qui le rendra célèbre dans le monde entier. En effet, l'année suivante, il appareille de Monaco sur un canot pneumatique, l'Hérétique. Après avoir traversé la Méditerranée, sans vivres et sans eau douce, il décide, dans la foulée, de continuer dans les mêmes conditions à travers l'Atlantique. Au terme de 113 jours passés en mer, dont 65 dans l'Atlantique, il atteint les côtes de la Barbade, petite île des Antilles, le 23 décembre 1952. Bombard prouve ainsi qu'il est possible de survivre en tirant sa nourriture de la mer. Cette expérience unique, vécue dans des conditions de difficultés extrêmes, il la relate, en 1953, dans un livre, Naufragé volontaire, qui sera traduit en quinze langues. Mais rien n'est gagné. Après s'être battu contre les éléments, Bombard doit affronter les hommes : il faudra attendre 1976 pour que son exploit soit officiellement reconnu et que l'Hérétique trouve une place au musée de la Marine. Depuis lors, toutes les marines du monde ont remplacé la chaloupe traditionnelle par un canot pneumatique qui porte son nom.
Après sa traversée, Bombard se consacre à la recherche scientifique sur le milieu marin. À partir de 1955, avec un bateau laboratoire, Le Coryphène, il effectuera six campagnes en Méditerranée. Puis il décide d'acquérir un nouveau navire, plus grand, Le Captain-Cap. Mais, une succession d'événements malheureux et des soucis financiers le conduisent, en 1966, à mettre en vente aux enchères publiques ses deux voiliers. Menée par Paul Ricard, l'opération lui permet de se libérer de ses créanciers. L'industriel lui propose alors d'animer l'Observatoire de la mer qu'il vient de créer sur l'île des Embiez, dans le Var. Dans cette structure, qui deviendra l'Institut océanographique Paul-Ricard (1990), Bombard tente de protéger le milieu marin contre les atteintes de l'homme. Écologiste de la première heure, il s'insurge, avec Paul Ricard, contre les rejets par Pechiney des boues rouges dans la baie de Cassis et prend la défense de la Méditerranée contre toute forme de pollution. Avec ses nombreuses conférences à travers l'Europe, ses cris d'alarme incessants, celui qui a d'abord voulu protéger l'homme contre la mer est devenu un défenseur inconditionnel des océans. Il pense que les ressources encore mal exploitées des mers devraient permettre à l'humanité d'assurer son avenir. Pour cela, il réalise, avec son équipe, des expériences d'aquaculture sur l'île des Embiez. Grâce à ses talents de vulgarisateur, il transmet les résultats de ses travaux à un large public. Son aura auprès des jeunes, des scolaires est importante. Il accueille sur l'île les classes des écoles de la région, voire de l'étranger, et organise des journées de découverte et de protection de l'environnement insulaire.
'Considéré comme l'un des derniers aventuriers du xxe siècle, Bombard est décédé le 19 juillet 2005 à l'hôpital de Toulon. Les téléspectateurs de la fin des années 1970 se souviennent de sa série « Au-delà de l'horizon », où à chaque émission, durant une heure, il contait les exploits des grands[...]
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Écrit par
- leonardo VICENTE : professeur émérite, docteur ès sciences, responsable scientifique de l'Institut océanographique Paul-Ricard
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